À quoi servent nos mains si elles ne savent plus rien faire ?
Je t’écris ce texte pendant que je regarde, impuissant, le MacBook de ma copine. Il ne s’allume plus. Écran noir, aucune réaction, silence radio. J’ai tout essayé. Enfin… tout ce que je connais, c’est-à-dire appuyer sur le bouton, espérer, croiser les doigts, soupirer… et recommencer.
Pareil pour la gazinière. Elle ne tient plus la flamme, comme moi certains jours d’ailleurs. J’ai nettoyé les brûleurs, soufflé dans les trous (comme si j’étais expert en gaz), tapoté un peu partout… mais rien. Et comme d’habitude, j’ai fini par sortir mon arme préférée : le téléphone. Appeler quelqu’un. Un technicien. Un ami qui s’y connaît.
Et là, je me suis posé une vraie question :Pourquoi je ne sais rien faire de mes dix doigts ?
Je suis capable de gérer des projets, de coder des applications, d’écrire des articles à la pelle… mais quand il s’agit de réparer une simple fuite ou démonter un appareil, je suis perdu comme un touriste sans GPS.
C’est triste parce qu’on vit dans un monde qui nous pousse à devenir de plus en plus « digitaux ». On sait tout faire sur un écran. Mais dans la vraie vie, on ne sait plus rien faire.
On scrolle comme des génies mais on ne sait pas planter un clou.
On fait du montage vidéo sur nos téléphones mais on ne sait même pas monter une étagère.
Pourtant, il y a une vraie noblesse dans le travail manuel.
Quand tu répares quelque chose toi-même, tu ressens une fierté profonde, authentique. Tu as l’impression de reprendre un peu de pouvoir sur ta vie.
Et tu gagnes du respect, surtout celui de toi-même.
Je pense aussi à nos parents, nos grands-parents… Ils n’avaient peut-être pas YouTube ou ChatGPT, mais ils savaient faire. Réparer une semelle. Ajuster un robinet. Fabriquer un tabouret.
Ils touchaient la matière. Nous, on ne touche plus rien.
Alors oui, le monde change, le digital prend de plus en plus de place. Mais ce n’est pas une raison pour qu’on oublie l’intelligence des mains.
Parce que dans certains cas, ce ne sont pas les mises à jour logicielles qu’il faut, mais des compétences élémentaires, qu’on aurait dû apprendre depuis longtemps.
Je ne dis pas qu’il faut devenir plombier, électricien, ou technicien Apple. Mais savoir bricoler un peu, comprendre les bases, ne pas toujours dépendre des autres, c’est un vrai luxe aujourd’hui.
Et peut-être que le jour où le MacBook de ma copine me regardera dans les yeux en me disant « sauve-moi », je pourrai enfin répondre avec assurance : “Compte sur moi.”
Georges DEFO