Cameroun : entre désespoir et promesse d’avenir

Un client pour qui j’envoie de l’argent au Cameroun ( si toi aussi tu veux faire des envois au pays, je m’en occupe ) m’a regardé, avec un air dépité, et m’a posé une question brutale:

« Penses-tu que le Cameroun a encore un avenir ? »

À quelques mois des élections présidentielles, son désespoir était palpable. Comment lui en vouloir ? L’accumulation d’irrégularités, d’incivilités et d’abus de pouvoir suffirait à éteindre l’espoir des plus optimistes. Le pays qu’on appelle pourtant l’Afrique en miniature ressemble parfois davantage à une miniature de nos blessures collectives qu’à un modèle de ce que nous pourrions être.

J’ai essayé de le rassurer, maladroitement peut-être, en citant Singapour qui 20 ans plus tôt faisait partie des pays les plus pauvres du monde. Ce petit État, autrefois gangrené par la corruption et le désordre, a su se réinventer en l’espace de deux générations. Pourquoi pas nous ? Après tout, si l’on considère que le Cameroun a un siècle de retard sur l’Occident, alors nous devons accepter que notre histoire ne se joue pas au même rythme. La patience ne suffit pas, mais elle est une composante essentielle des grandes transformations.

Le problème, c’est que la comparaison ne nourrit pas l’estomac ni ne calme les frustrations quotidiennes. On peut se projeter sur cinquante ans, mais comment garder la foi dans un pays où les incivilités deviennent la norme, où le citoyen se sent abandonné, et où les institutions semblent parfois se refermer sur elles-mêmes ?

Je lui ai dit ceci : l’avenir du Cameroun n’est pas écrit par ceux qui abusent du pouvoir, mais par ceux qui refusent de s’y soumettre intérieurement. Chaque génération a son lot de douleurs, mais aussi son lot de bâtisseurs silencieux. Le vrai défi n’est pas de savoir si le Cameroun a un avenir, mais si nous aurons le courage d’être les artisans de cet avenir, au lieu de spectateurs résignés. J’espère qu’après notre échange, il aura change davis sur la vente de son immeuble d’appartements meublés qu’il songeait vendre de peur que notre cher pays s’embrase et emporte avec lui tous ses efforts depuis 5 ans.

Alors oui, malgré les blessures, je crois encore au Cameroun. Non pas parce que les faits me donnent raison aujourd’hui, mais parce que l’histoire nous montre que les nations renaissent toujours quand les hommes et les femmes décident de ne plus baisser les bras.

Georges DEFO