Cameroun : entre fascination et perplexité
Il est difficile de juger à distance. Tant qu’on n’est pas sur place, on s’imagine des choses, on idéalise ou on dramatise. Mais une fois qu’on y est, la réalité frappe avec une intensité inattendue. Depuis mon arrivée au Cameroun, je ressens une drôle de dualité. Il y a des avancées impressionnantes, des choses qui ont évolué à une vitesse folle. Et à côté, d’autres semblent figées dans le temps, voire pire, elles ont régressé de manière aberrante.
Les nouvelles routes, les entreprises qui émergent, les immeubles qui poussent comme des champignons… Ça témoigne d’un dynamisme, d’une certaine effervescence. Mais pendant ce temps, Eneo reste fidèle à elle-même avec ses coupures intempestives. Pourtant, bizarrement, j’ai bien géré. Je ne suis pas mort. Après tout, je suis né dans ça, non ?
Un autre détail m’a frappé : le nombre de grosses cylindrées que j’ai croisées en une journée. Certes, l’état des routes impose d’avoir des véhicules robustes, mais encore faut-il en avoir les moyens. Et visiblement, certains ne se posent pas la question. À l’opposé, sous un soleil de plomb et une chaleur à 33°C, les vendeurs à la sauvette s’accrochent à leurs marchandises, espérant faire au moins 20 000 francs CFA dans la journée. Deux mondes qui coexistent, parfois à quelques mètres d’écart.
Franchement, ce pays me fascine. Ça donne envie, mais en même temps, ça fait peur. De ce que j’ai observé jusqu’ici, si tu as les moyens, tu peux mener une vie de rêve. Mais pour ceux qui n’ont pas cette chance, le quotidien est une lutte permanente. Une réalité contrastée, qui laisse songeur.
Georges DEFO