De la colère au préjugé : la leçon que Facebook m’a apprise
Ce matin, je me suis arrêté sur Facebook pour lire quelques publications, et j’avoue que je me suis rappelé pourquoi je n’y passe plus beaucoup de temps. Ce qui me fatigue le plus, c’est la quantité de bile et de haine déversée par ceux qui sont logiquement intéressés par le dénouement des élections présidentielles du 12 octobre prochain.
Le niveau de méchanceté qu’on peut y lire est ahurissant. On aurait envie de croire que quelqu’un qui connaît la douleur et l’oppression serait bien placé pour ne pas l’infliger à son prochain. Quel naïf je suis, sûrement, tu me diras.
Mais pour être honnête, je ne suis pas totalement surpris : j’ai moi-même été dans ce cas. Lors de la Coupe du monde 2014, un joueur de notre équipe nationale, Allan Nyom, avait eu un jeu très agressif face à Neymar, que je suivais déjà à Barcelone, mon club de cœur. Après plusieurs fautes, l’arbitre avait dû intervenir, et malgré tout, nous avions perdu 4-1 contre le Brésil.
À l’époque, je prenais beaucoup trop à cœur le football, alors même que je n’en étais pas acteur. J’étais furieux contre les Lions, mais surtout contre Nyom. Et dans ma colère, j’avais déversé ma bile sur Facebook. Plusieurs avaient approuvé, mais une seule personne avait eu le courage de me dire qu’il n’était pas correct d’écrire que Nyom jouait « dur sur l’homme à cause de son côté Bassa ».
Sur le moment, j’avais trouvé cette remarque arrogante. Mais aujourd’hui, avec du recul, je comprends qu’il avait raison. Il ne faut pas banaliser les préjugés : ils sont souvent la porte d’entrée du tribalisme ou du racisme.
Je suis heureux d’avoir pris conscience de cela. Et si je partage cette expérience, c’est pour encourager chacun : quand vous voyez quelqu’un agir par ignorance, ne l’abandonnez pas. Éduquez-le. Parce que la personne que vous aidez à réfléchir aujourd’hui en éduquera peut-être mille à son tour.
Georges DEFO