Devenons le 12ème homme pour nos champions africains
Quand on est parent, amoureux, ou qu’on éprouve de l’affection pour quelqu’un, on montre naturellement beaucoup de tolérance, de bienveillance et de patience. Quel parent abandonnerait son enfant sur une aire d’autoroute parce que celui-ci a enchaîné les bêtises ? Quel parent dirait à son enfant que le portrait qu’il a peint en atelier dessin est super moche, pour s’empresser ensuite de le jeter à la poubelle ? Très peu, je pense. Au contraire, on affiche fièrement ces dessins sur la porte du réfrigérateur. Dans les couples de cultures différentes, les premières tentatives infructueuses de cuisiner le plat préféré du partenaire ne se soldent pas par une rupture, mais plutôt par encouragement et soutien, jusqu’à ce que l’on devienne expert en la matière.
Je te donne ces exemples pour te rappeler comment, instinctivement, nous protégeons et encourageons ceux qui nous sont chers quand ils se lancent dans de nouvelles aventures. Cela ne nous coûte rien, car c’est naturel, et leur succès devient notre bonheur commun. Dans un précédent texte intitulé « Investissons sur les nôtres avant qu'il ne soit trop tard », je soulignais l’importance pour nous, Africains, d’investir sur nous-mêmes, d’encourager et protéger nos champions.
Ces champions sont ceux qui ont décidé de résoudre nos problèmes et d'apporter des solutions concrètes à nos peuples. Si nous ne les encourageons pas dès leurs débuts, qui le fera ?

Je parle de tolérance car je me suis souvenu du lancement du premier iPhone, qui malgré une avancée technologique majeure avec son écran tactile, était médiocre sur le plan des performances : lent, peu d'applications disponibles. Pourtant, il n'a pas été rejeté. Il a été soutenu par les Américains et vanté par les médias tech locaux. Apple a pu ainsi améliorer ses produits jusqu'à devenir l'une des entreprises les plus rentables au monde. De même, avec Sony et sa PlayStation, j’avais intégré une règle : ne jamais acheter la première version d’une nouvelle console, attendant plutôt les versions corrigées. Si nous acceptons les erreurs des ingénieurs de Sony, pourquoi ne pas appliquer la même bienveillance envers des ingénieurs camerounais ou sénégalais qui créeraient un réseau social africain ? Je m’engage à l'utiliser, même imparfait, pour fournir les retours nécessaires à son amélioration. Tu vois où je veux en venir ? Quand ton frère essaie réellement, encourage-le au lieu de le dénigrer.
Avec le retour de Donald Trump au pouvoir, beaucoup découvrent la notion de protectionnisme. Récemment, en regardant des extraits de l’émission « L’Arène », j’ai été agréablement surpris d’entendre un chef d’entreprise camerounais insister sur la nécessité de protéger nos champions locaux, d'applaudir ceux qui choisissent de rentrer dans la difficulté pour créer de la valeur et de privilégier nos entrepreneurs locaux ou au moins leur donner les moyens de lutter à armes égales avec les étrangers. J'ai réagi à ces paroles avec autant de ferveur que devant un but lors d’un match de football.

Tout le monde n’a pas vocation à être un leader. Un match de football se joue à 22, mais même les supporters jouent un rôle crucial, c’est pourquoi on les appelle le 12ème homme. Je souhaite que tu joues ton rôle de 12ème homme avec moi, pour pousser nos joueurs sur la pelouse et ceux sur le banc, en attendant leur chance. Qui sait ? Peut-être qu’un jour, l’un d’entre eux marquera pour nous un but aussi mémorable que celui d’Aboubakar en finale de la CAN contre l’Égypte.
Georges DEFO