Entre persévérance et lâcher-prise : où est la frontière ?
Dans presque tous les livres de développement personnel, on nous répète que la résilience finit toujours par payer. Il faudrait tenir bon, ne jamais abandonner, continuer même quand tout semble perdu. Et d’un côté, cette idée est inspirante : elle porte en elle le courage, la discipline et cette croyance profonde qu’un rêve mérite d’être protégé.
Mais en face existe une autre réalité, moins romancée : parfois, s’entêter ne sert à rien. Il arrive qu’on force tellement une direction que la vie elle-même nous envoie tous les signaux pour nous dire d’arrêter. On les ignore, persuadés qu’un jour la persévérance finira par se transformer en victoire. Alors qu’en réalité, ce qu’on appelle “tenacité” est parfois simplement une peur : peur de changer de route, peur d’admettre qu’on s’est trompé, peur de perdre tout ce qu’on a déjà investi. Et c’est là que naît le paradoxe : comment savoir si on se bat pour un rêve ou pour une illusion ? Comment distinguer la résilience du déni ? Le courage de l’obstination ?
On glorifie les histoires de ceux qui ont persisté jusqu’à la réussite, mais on oublie celles de ceux qui ont trouvé leur voie le jour où ils ont accepté de bifurquer. Ceux qui ont abandonné au bon moment et qui, grâce à ça, ont pu recommencer autrement. Aujourd’hui, je n’ai pas de conclusion définitive. Mais je crois que la sagesse n’est peut-être ni dans le “ne lâche jamais” ni dans le “suis le courant”, mais dans cette capacité à sentir quand continuer et quand se réinventer. Alors oui, je jette ce texte comme une bouteille à la mer. Parce que certaines questions méritent d’être posées ensemble, pas dans un monologue intérieur.
Georges DEFO