Entreprendre à distance : quand tu ramènes des œufs mais attends du bacon

Dans leur dernière vidéo YES WE KAM avec Ronel, Flavien disait qu’il n’était pas possible d’entreprendre à distance.

Ce n’est un secret pour personne qu’il est risqué — voire insensé — d’envoyer de l’argent depuis l’étranger pour lancer un business en Afrique tout en espérant le piloter à distance, en donnant des directives depuis son canapé.

J’en ai déjà parlé ici, mais puisqu’on dit que la répétition est la mère des sciences… je vais me répéter encore une fois.

Pour illustrer mon propos, je vais partager avec toi une fable bien connue en économie :

Un jour, un poulet dit à un cochon :

— Et si on ouvrait un restaurant ensemble ?

Le cochon répond :

— Pourquoi pas. On l’appellerait comment ?

Le poulet réfléchit et propose :

— « Bacon & Eggs » !


Le cochon s’arrête, regarde le poulet, et dit :

— Tu sais quoi ? Laisse tomber.

Le poulet, surpris, demande pourquoi.

Le cochon répond :

— Parce que toi, tu es impliqué… mais moi, je suis sacrifié.

Leçon de l’histoire :

Le poulet fournit des œufs : il est impliqué, il participe… mais il n’y perd rien de vital.

Le cochon, lui, donne le bacon : il est engagé, complètement investi, jusqu’au bout, jusqu’à la peau.

Si on transpose cette fable à une entreprise camerounaise dont le patron vit à l’étranger et les employés sont sur place, à ton avis…

Qui pense être le porc, et qui pense être le poulet ?

Spoiler : tout le monde pense être le porc.

Les employés diront que c’est eux qui « donnent tout » — parce qu’il est difficile de vivre et de bosser dans les conditions locales.

Pendant ce temps, le patron estimera que son bacon, c’est l’argent. Que sans ses investissements, il n’y aurait ni entreprise, ni salaires à distribuer.

Et une fois que tu as compris ça, tu comprends aussi pourquoi beaucoup de gens n’ont aucun scrupule à « voler », à se relâcher, ou à bosser à moitié.

Ils estiment qu’ils font déjà le maximum.

Et à leurs yeux, le seul moyen de rééquilibrer la balance, ce serait que toi aussi tu viennes “choquer” avec eux, sur le terrain.

L’idée ici n’est pas de dire qu’ils ont raison.

Mais de comprendre leur logique pour mieux gérer tes attentes.

Sinon, c’est limite peine perdue.

C’est d’ailleurs pour ça que, quand ma tentative de lancer un business de porc braisé a échoué, je n’ai même pas eu la force de me plaindre.

Je n’avais clairement fait que ramener des œufs…

Pendant que ma maman, elle, ramenait du bacon.

Et c’est là que j’ai compris :

dans un business, si tu veux du bacon… tu dois être prêt à saigner un peu.

Et toi ?

Dans ton projet, dans ton taf, dans ce que tu veux construire…

Tu ramènes des œufs ou tu donnes vraiment du bacon ?

Pose-toi la question. Et si t’es honnête avec toi-même, ça peut changer beaucoup de choses.

Georges DEFO