Et si ceux qui n’ont rien… faisaient tout ?

Tu n’es pas responsable de ce que font les autres.

Mais tu l’es pour ce que toi, tu refuses de faire.

Oui, nos institutions sont gangrenées. Oui, le système est verrouillé, et parfois même désespérant. Mais est-ce que ça veut dire qu’on doit croiser les bras ? Baisser la tête ? Dire que c’est perdu d’avance ?

Non.

Il y a des gens, partout dans le monde, qui n’avaient ni diplôme, ni poste à responsabilité, mais qui ont décidé que ça suffisait.

Phyllis Omido, au Kenya, n’était qu’une simple secrétaire. Mais quand elle a compris que son usine empoisonnait les enfants du quartier, elle s’est battue — seule au début — jusqu’à faire fermer la fonderie.

En Inde, Anna Hazare, ancien militaire, a transformé un village corrompu et asséché en modèle de transparence, avec les villageois, à la force des bras, sans jamais avoir mis les pieds à l’université.

Au Nigeria, des vendeuses de marché ont bloqué les rues pour dire non aux taxes illégales qu’on leur imposait. Pas besoin de lire la Constitution pour sentir quand c’est injuste.

Et au Maroc, ce sont de simples jeunes, armés de téléphones et de mégaphones, qui ont osé dire non après la mort de l’un des leurs, écrasé par un système qui méprise les petits.

Tous avaient un point commun :

Ils n’ont pas fui.

Ils n’ont pas fermé les yeux.

Ils ont agi.

Alors oui, on peut dire que tout est pourri.

Mais ce que tu refuses de faire aujourd’hui — par peur, par fatigue, ou par cynisme — c’est aussi ce qui permet à ce pourri de continuer à gagner.

Tu me diras sûrement que c’est trop risqué et que tu veux voir tes enfants grandir, c’est normal, mais de grâce, arrête de faire croire aux autres que c’est peine perdue. Ça l’est jusqu’au jour où on te prouve le contraire.

Georges DEFO