Et si on lâchait tous les deux ?
Je me suis souvent demandé si c’était vraiment possible de ressentir exactement la même chose qu’une autre personne. Pas juste compatir. Pas juste écouter. Mais ressentir. Vibrer au même rythme. Avoir le cœur qui bat plus fort au même moment, pour les mêmes raisons.
Et puis aujourd’hui , j’ai lu comme je le fais religieusement tous les jours, cette bouteille à la mer envoyée par Ronel. Il y parle de cette fatigue liée au fait que malgré tout ce qu’il fait, il n’a pas l’impression d’avancer dans tout ce qu’il s’était promis de faire cette année. Ça me parle car c’est le même état d’esprit qui m’anime depuis un certain temps. J’ai l’impression de ne pas aller assez vite même si quand tu me lis tu sauras que mes proches pensent le contraire. J’en fais même un peu trop d’après eux.
Quand tu es connecté à quelqu’un – que ce soit un ami, un partenaire, un frère d’armes ou de vision – et que vous regardez dans la même direction, il y a quelque chose qui se passe. Un truc invisible, mais palpable. Une sorte de fréquence commune, qui vous fait vibrer en écho. Pas besoin de trop parler, pas besoin d’expliquer mille fois. Tu dis “je suis fatigué”, et il comprend que c’est pas juste physique. Tu dis “on y est presque”, et il sait de quoi tu parles.
Aujourd’hui je le comprends tellement, car sa vision c’est aussi la mienne. Sûrement avec une nuance, mais le fond c’est pareil.
Mais tu sais ce qui me fait le plus peur dans ce genre de moment ?
C’est que lui et moi, on ressente la même chose… en même temps.
Qu’on soit tous les deux en bas. À bout. Vidés.
Parce que si on lâche tous les deux, qui va allumer la lumière ?
Ce n’est pas un pacte qu’on signe, c’est une réalité qu’on apprend avec le temps :
Dans toute équipe, dans toute relation qui compte, il y aura des jours où l’un devra être le fusible de l’autre. Celui qui tient pendant que l’autre vacille.
Pas parce qu’il est plus fort. Pas parce qu’il va mieux. Mais parce que c’est son tour.
Son tour d’écouter, son tour de porter un peu plus, son tour de rappeler pourquoi on fait tout ça.
Et puis un jour, les rôles s’inversent. Celui qui pleurait redonne le sourire. Celui qui doutait ravive la flamme. Et on continue d’avancer.
Pas à la même vitesse. Pas toujours à la même hauteur. Mais toujours dans la même direction.
C’est ça, le deal. C’est ça, la fraternité vraie. Ce n’est pas d’aller vite, c’est d’aller loin, ensemble. Ce n’est pas de ne jamais faiblir, c’est de savoir que quand ça flanche, quelqu’un est là pour amortir la chute.
Alors oui, aujourd’hui j’ai lu ce message, et je me suis vu dedans. Mais ça ne m’a pas fait peur. Au contraire : ça m’a rappelé pourquoi il faut tenir, pourquoi il faut parler, pourquoi il faut être deux.
Parce que ce combat, ce rêve, ce truc qu’on veut construire… il en vaut la peine.
Et si aujourd’hui je suis le fusible, alors demain, ce sera lui. Et on avancera encore. La bouteille a été pêchée, le message a été lu et une autre bouteille a été envoyée avec le message: « Tiens bon frangin! C’est la 3ème fois que le studio Rockstar repousse la sortie de GTA 6. Ils sont déjà en retard sur leurs objectifs initiaux, mais encore une fois sera un succès commercial comme pour leur projet précédent! »
Georges DEFO