Et si tu étais juste à côté de la plaque depuis le début ?
La parité euro ↔ franc suisse s’est inversée à l’avantage du franc suisse depuis 2022. Bientôt trois ans donc.
Avant cette inversion, ton billet de 100 € valait un peu plus de 105 CHF. Mentalement, tu pouvais croire que ton argent « pesait ». C’est comme ça que je l’ai toujours vu personnellement.
Il y a environ 7 mois, je voulais recouvrer une dette de 100 €, et mon frangin, pour me rembourser, m’a proposé un billet de 100 CHF. Il me l’a tendu avec une telle assurance que j’ai cru qu’il me faisait une faveur. J’ai refusé net. Déjà parce que je savais la galère que c’est pour trouver un poste de change, ensuite parce que je considérais ça comme une perte : ça ne valait pas la somme due.
J’étais sûr de moi. Pas une seconde je n’ai envisagé de vérifier. Dans ma tête, 1 CHF = 0,89 €.
Hier, je suis allé à Genève pour assister à l’événement des 40 ans de l’association des Bamilékés de Suisse. En journée, j’ai flâné dans la ville pour faire mon petit «Wamakoul en Suisse ». Rien à dire, c’est une très belle ville.
En marchant le long du lac, j’ai eu envie d’une glace. Je m’arrête, je regarde la carte… et je vois que le vendeur accepte les deux monnaies. Mais ce qui m’a frappé, c’est ce taux : 1 EUR = 0,90 CHF. Dans ma tête : arnaqueur de touristes.
Je n’ai même pas envisagé que le problème venait peut-être de moi.
Je raconte ça à mes amis… éclats de rire.
Ils me disent calmement que je suis à côté de la plaque depuis le début.
Et là, tout change dans ma tête. D’un coup, tous les prix suisses me paraissent chers. Avant, quand je pensais que l’euro valait plus, j’avais cette petite sensation de supériorité. Je regardais les prix et je me disais : « Bah, en euro c’est rien. »
Mais maintenant que je sais… je convertis tout. Et tout semble cher.
Et c’est là que j’ai réalisé un truc.
Ce que je viens de vivre, c’est ce que vit une grande partie de la jeunesse africaine.
On joue avec des règles qu’on ne connaît pas. On avance dans un système qu’on ne comprend pas toujours. On croit savoir, alors qu’on n’a même pas mis à jour notre compréhension du monde depuis des années. On prend des décisions – parfois importantes – basées sur des perceptions fausses, sur des illusions, sur ce qu’on croit être la norme… mais qui ne l’est plus. Des personnes nous font croire que nous valons moins qu'eux.
Pire encore, nos comportements sont souvent influencés par ces croyances erronées. On se permet certaines attitudes parce qu’on pense qu’on est en position de force comme un fonctionnaire qui abuse de son autorité. On se retient d’agir parce qu’on croit qu’on est faible comme un travailleur étranger qui a peur de s'opposer à un patron abusif par peur des représailles.
Et parfois, on passe à côté d’opportunités juste parce qu’on n’avait pas l’info. Ou pire : parce qu’on croyait en détenir une meilleure.
La vérité, c’est qu’il faut toujours se remettre en question.
Toujours être en veille.
Rechercher la vérité, mettre à jour nos données mentales, interroger nos certitudes.
Parce que le jour où tu découvres que tu étais dans l’erreur, ce n’est pas seulement ton raisonnement que tu dois revoir…
C’est aussi ton comportement que tu dois ajuster.
Et si tu avais eu les bonnes infos depuis le début… aurais-tu agi différemment ?
Georges DEFO