Gangsters : le mythe, la chute et le silence
Je suis un grand consommateur de contenus vidéo documentaires sur les gangsters, les true crime, les dictateurs. Dit comme çà tu pourrais te dire que c’est suspect et j’avoue que je me dis souvent la même chose. Heureusement que je cache mes traces en me faisant passer pour un blogueur.
Si je te dis Marco mouly, je ne sais pas si ça te parle, avec 2 comparses, il avait monté une arnaque à plusieurs millions d’euros appelée fraude à la taxe carbone. Ils avaient trouvé un montage assez sophistiqué pour collecter la TVA et ne pas la reverser au fisc français. Malgré qu’il se soit fait épingler, Monsieur Marco a eu droit à des interviews, une adaptation de son histoire en bouquin et aussi au cinéma. Ce personnage extravagant et haut en couleur a tout du baratineur qui a rapidement quitté les bancs de l’école et a commencé avec des petits larcins pour finir par se hisser au panthéon des arnaqueurs en France. Il me rappelle mais à moindre mesure Koagne Donation, le prophète des “Hommes d’affaires” camerounais. Quand on y regarde de plus près, on se rendra compte que ce qui nous fascine souvent dans ces histoires est le fait que ce monde nous est totalement étranger. Combien d’entre nous avons dans notre entourage quelqu’un qui est passé en cours d’assises, combien d’entre nous avons déjà tout simplement été dans un tribunal? C’est ce fantasme si je peux l’appeler comme ca qui nous fascine dans ces histoires.
Après avoir purgé sa peine de 7 ans de prison, Marco a été en cavale 2 fois pour d’autres délits qu’il a commis les années qui ont suivi sa libération et à chaque fois il a refait un passage par la case Prison. On peut même voir dans ses interviews que ce mode de vie est celui qu’il a choisi et il ne serait faire autre chose que les arnaques. La prison qui a pour but de réhabiliter n’a eu aucun effet sur lui par exemple. Et finalement, il incarne pour certains jeunes de quartiers défavorisés un idéal et une façon de se rebeler contre ce système qui les aurait mis à côté. Tout à l’heure je te disais que la plupart des gens fantasment sur les gangsters car ils ne savent pas vraiment ce que c’est et justement si je t’en parle aujourd’hui c’est parceque des gangsters j’en connais, certains sont encore en activité, un autre a raccroché avant de tomber et le dernier est tombé et a même purgé sa peine. Tous m’ont permis de voir ce qu’est réellement ce métier, les dangers auxquels on peut être exposé et finalement, tous étaient unanimes pour dire que quand on aime quelqu’un, on fait tout pour l’éloigner de ce milieu. Les deux derniers sont des personnes qui de prime à bord passent inaperçues, ont un coeur grand comme un lac, et ont un franc parler qui m’a donné des frissons dans le dos quand ils me racontaient leurs faits d’armes et finalement pour l’un ce qui a failli se terminer par sa mort sur le bûchet et pour l’autre ce qui deviendra son entrée dans le système carcéral (d’ailleurs Il a quand même réussi à me faire rigoler quand il racontait des anecdotes sur la vie carcérale, des sujets chauds comme les viols dans ces milieux et la violence, tellement il maîtrise l’art narratif ).
Je devrais normalement faire un texte sur chacune de ces personnes tellement leurs histoires sont poignantes mais aujourd’hui je veux juste mettre en avant le fait que peu importe comment on vit sa vie, ce qui compte à la fin c’est ce qu’on apporte aux autres qui compte à la fin. Si tu as fait du tort et qu’à la fin tu regrettes sincèrement et ta pénitence devient de faire ce qu’il faut pour réparer le tord causé, tu es mille fois mieux que celui qui se complaît dans ses mauvaises actions. Un Marco mouly avec sa visibilité et son expérience serait une personnalité d’utilité publique pour montrer au jeunes en difficulté que les raccourcis très souvent menent en Prison ou à la mort, au lieu de leur vendre la vie de Pablo Escobar en leur gardant la fin de celui-ci.
Georges DEFO