Je ne suis pas humble. Je me souviens d’où je viens.

Pendant longtemps, j’ai reçu ce compliment — ou cette remarque — selon laquelle je suis quelqu’un de très humble. On me dit souvent que je ne me prends pas la tête, que j’ai cette facilité à échanger et côtoyer tout type de personne, sans chercher à savoir ce qu’elle fait dans la vie.

Bien qu’il soit clair que je respecte tout le monde, je ne veux pas m’octroyer un mérite qui, en réalité, ne m’appartient pas.

Ce que je fais, c’est simplement me souvenir d’où je viens.

Et chaque fois que la tentation me traverse de me croire spécial ou au-dessus, je me pose une question simple :

Si je devais rentrer chez moi aujourd’hui, là, maintenant… Que vaudrait ma vie ?

Est-ce que ce serait un recommencement à zéro ?

Est-ce que j’ai construit assez pour vivre décemment ? Est-ce que je suis capable d’offrir à ma mère la sécurité qu’elle mérite ? À ma copine et à mon fils, un cadre de vie stable et digne ?

Pour certains amis avec qui nous sommes partis du pays, ces questions ne se posent même pas. Non pas parce qu’ils sont devenus millionnaires, mais parce qu’ils viennent de familles qui n’ont jamais connu certaines galères.

Et paradoxalement, certains d’entre eux n’ont pas une aussi bonne situation financière que d’autres ici en Europe.

Mais est-ce que cela suffit pour se sentir supérieur ?

Est-ce que le simple fait d’avoir grandi dans un confort qu’on n’a pas bâti suffit à nous rendre meilleurs que les autres ? Ou est ce que parce qu’on gagne bien sa vie a l’étranger mais qu’on soit pauvre chez suffit à nous rendre meilleurs que ceux qui gagnent moins que nous ici?

Je ne pense pas.

Moi, je sais d’où je viens. Et c’est ce souvenir-là qui me garde les pieds sur terre.

Pas de fausse modestie. Pas de faux mérite. Juste une vérité simple : je ne me permets pas de me prendre pour ce que je ne suis pas.

Georges DEFO