« Je rentrerai quand ce sera stable »
C’est la phrase qu’on entend souvent quand on demande à un Africain de la diaspora pourquoi il ne rentre pas. “Le pays est trop instable”, dit-on. Et pourtant, quand on regarde de près, il y a des pays qui, même s’ils n’ont pas atteint le niveau de confort occidental, sont tout à fait vivables, sûrs et stables. Mais malgré ça, les populations qualifiées n’y reviennent pas.
Alors c’est quoi le vrai problème ? Ce n’est pas juste la stabilité. C’est autre chose.
La première raison, c’est le travail. Beaucoup oublient que la stabilité n’est que la première étape. Un pays qui se relève, c’est comme une maison après un incendie. Il ne suffit pas que les flammes soient éteintes pour que tout soit à nouveau comme avant. Il faut reconstruire. Brique après brique. Et ça demande du monde. Du monde prêt à se retrousser les manches, à transpirer, à se heurter à la lenteur administrative, à la chaleur, à l’imperfection. Mais soyons honnêtes : peu veulent réellement faire ce travail-là.
La deuxième raison, c’est le confort. On s’est acclimaté à l’Occident. À ses codes, à sa ponctualité, à sa régularité. On est devenus dépendants de la 4G illimitée, des routes bien tracées, des supermarchés à 500m. Et quand bien même certains nourrissent le doux rêve de “retourner un jour”, très peu sont prêts à se réadapter aux réalités du terrain. Ils veulent rentrer mais en gardant les avantages de là-bas. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça.
Le plus difficile dans tout ça, c’est qu’au fond, beaucoup savent qu’ils ne rentreront pas. Mais ils se mentent à eux-mêmes pour garder une forme de paix intérieure. Ils disent qu’ils rentreront “quand ce sera stable”, alors qu’en réalité, ils ne veulent juste pas changer de vie, ni sacrifier leur confort. Et c’est OK. Mais il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître.
Pendant ce temps, l’Afrique attend. Elle n’attend pas la stabilité. Elle attend ses enfants. Ceux qui seront assez fous pour se dire qu’un continent ne se reconstruit pas depuis l’étranger. Qu’il faut se salir les mains. Qu’il faut être présent. Pas parfait, pas riche, pas miraculeux. Juste présent.
Tout comme un enfant qui n’a pas honte de ses parents parce qu’ils sont pauvres et accepte de vivre avec eux dans la pauvreté en allant à l’école et en grandissant jusqu’au jour où il arrive à leur construire une petite maison décente.
Georges DEFO