Joyeux anniversaire mon cher père!

Je suis parti du Cameroun très jeune, et cela a eu un impact profond sur ma personne. Je ne comprenais pas toujours nos us et coutumes, et je questionnais même parfois leur bien-fondé. Ce qui m’a permis de rester connecté à elles, c’est le respect — presque la crainte — que j’avais de mes parents.

Aujourd’hui, à contre-courant de ce que beaucoup imaginent, je souhaite de tout cœur rentrer m’installer en Afrique et transmettre l’éducation que j’ai reçue, dans l’environnement qui va avec. Contre toute attente, car pour la majorité, le retour en Afrique se fait à la retraite. Moi, je veux y vivre mes plus belles années, pas attendre la fin du voyage. Mais aussi à contre-courant, car je suis devenu critique de certaines croyances, à cause de l’impact qu’elles ont sur notre vie.

Les croyances sont des éléments invisibles mais puissants qui façonnent l’homme. Et selon leur rigidité ou leur incapacité à évoluer, elles peuvent détruire plus qu’elles ne construisent. Je suis Camerounais, Bamiléké et fier de l’être, mais certaines conceptions transmises par nos traditions me dérangent profondément.

Aujourd’hui aurait été le 72ᵉ anniversaire de mon père, M. FOTSI Jean Blaise, parti il y a bientôt huit ans. Et pourtant, j’ai encore du mal à lui rendre hommage publiquement. J’ai cédé, à l’époque, à la pression des coutumes, et je n’ai pas assisté à ses obsèques. Depuis, quand mes frères et sœurs le pleurent ou le célèbrent, je me sens étranger. Comme si, pour moi, il avait simplement disparu.

Je ne blâme personne, mais je sais que le choix final m’appartenait. Et j’aurais dû suivre mon instinct. Je sais que nous sommes nombreux à ne pas avoir pu dire au revoir à ceux qu’on aime, à manquer ce moment où la terre scelle la séparation. À vous, je dis : je vous comprends. N’alimentez pas les regrets. Apprenez. Grandissez.

En fin de compte, est-ce que mourir comme on peut te promettre si jamais tu désobéis n’est pas préférable à vivre éternellement dans le remords ?

Alors aujourd’hui, je choisis de dire : bon anniversaire Papa Jean Blaise.

J’entends encore ta voix rauque me féliciter. Et je te promets que ton nom vivra à travers mes réussites. Parce que si ton nom devient éternel, toi aussi tu le deviendras. Merci de m’avoir permis d’être ton fils.

Georges DEFO FOTSI