Jusqu’où un père peut-il aller au nom d’une cause ?
Je me suis récemment posé une question qui me dérange profondément :
comment un père peut-il entraîner son fils dans un massacre, en sachant pertinemment que ce dernier peut y laisser la vie ?
Instinctivement, cela me semble contre nature. Le rôle premier d’un parent, partout dans le monde, à toutes les époques, a toujours été de protéger sa progéniture. Mettre l’enfant à l’abri du danger, lui offrir une chance de vivre plus longtemps, mieux, plus loin que soi.
Même les animaux sauvages le savent. Une lionne, un gorille, un éléphant mettront leur propre vie en jeu pour sauver leurs petits. Cet instinct est universel. Alors comment expliquer que des pères, des oncles, des figures d’autorité puissent conduire leurs fils vers une mort presque certaine ?
J’ai donc essayé de trouver des réponses et je vais partager avec toi ce sur quoi j’ai pu mettre la main. La réponse n’est malheureusement pas simple.
Parfois, ce n’est pas l’amour qui manque, mais l’horizon. Quand un homme a grandi dans la violence, dans la peur, dans l’humiliation ou la misère extrême, il finit par croire que survivre n’est déjà plus garanti. Dans ces conditions, transmettre la vie ne suffit plus : il faut transmettre un sens, même s’il est tragique.
Il y a aussi l’idéologie. Quand une cause, une guerre, une vengeance collective devient plus grande que l’individu, l’enfant cesse d’être un fils pour devenir un symbole, un soldat, une continuité du combat. Le père ne protège plus un enfant : il “sacrifie” une génération au nom d’une histoire qu’il n’a pas su arrêter.
Enfin, il y a le désespoir. Quand un père ne croit plus à l’avenir, il peut en venir à penser que mourir debout vaut mieux que vivre à genoux. Et dans cette logique tordue, entraîner son fils devient une façon de ne pas le laisser seul face à un monde perçu comme déjà perdu.
Rien de tout cela n’excuse. Mais comprendre n’est pas justifier.
Si tu es un peu perspicace tu feras le lien entre mon texte et l’attentat terroriste qui a eu lieu aujourd’hui sur une plage australienne. Un père et son fils ont tiré sur une foule de personnes qui célébraient la fête juive de Hanoukka. Et en conclusion malgré toutes les raisons que j’ai pu citer plus haut, les victimes pour moi sont ceux qui ont souffert sous les balles des assaillants mais malheureusement le jeune homme responsable de cet acte ignoble.
Georges DEFO