Kingue, Awomo et Kenfack les nouveaux gaulois?

De nos jours, il est de plus en plus courant de croiser des Camerounais qui ne parlent pas leur langue maternelle, et c’est encore plus vrai chez les enfants issus de familles expatriées ou même de certaines familles au pays. Je n’en suis pas fier, mais j’en fais partie. Mon père, BAHOUAN, parlait une langue différente de celle de ma mère, originaire de l’EST du Cameroun et aussi de BANA, sans compter qu’elle parle au moins cinq dialectes différents des villages dont elle est originaire.

Contrairement à la jeune fille dont Ronel parlait dans son avant-dernier texte, ma mère avait même appris la langue maternelle de mon père. Mais avec tout ça, comment moi, un jeune des années 90 comme beaucoup de mes camarades de classe de l’époque et amis d’aujourd’hui, ne parle aucune langue locale ? Aujourd’hui, je parle français, anglais, roumain : uniquement des langues étrangères. Mon fils, qui lui a des origines congolaises, ne saura donc ni ma langue ni celle de sa maman, qui, elle aussi – spoiler alert – ne parle pas sa langue maternelle. Si je te parle de ce désintérêt pour une part aussi essentielle de notre identité culturelle, c’est que j’ai pu faire ma petite analyse et je veux te la partager. Je proposerai aussi quelques solutions.

Les raisons

1. La peur d’un handicap linguistique : Certains parents pensent qu’apprendre une langue maternelle pourrait ralentir ou compliquer l’apprentissage des langues occidentales, comme le français ou l’anglais, qui sont vues comme des langues d’opportunités. L’école est déjà là pour ça, et certains parents n’ont même pas le niveau pour apprendre le français ou l’anglais à un enfant 🤨.

2. Le complexe d’infériorité : Hélas, certaines personnes associent les langues locales à un manque de modernité ou à un statut social plus bas. Il m’a fallu longtemps avant de me défaire de cette idée.

3. La diaspora et l’environnement : Pour ceux qui vivent à l’étranger, il peut être difficile de maintenir l’usage de la langue maternelle dans un environnement qui ne la valorise pas. Les enfants sont aussi réfractaires car ils peuvent être moqués à l’école.

Les solutions

1. Changer la perception : Enseigner à nos enfants, et à beaucoup de parents complexés ou non avertis, que notre langue maternelle est un trésor, une partie intégrante de notre héritage culturel, et non un obstacle.

2. Pratiquer au quotidien : Parler la langue maternelle à la maison, même si cela demande un effort supplémentaire, et encourager les enfants à répondre dans cette langue. Pour ceux comme moi qui n’ont pas eu la chance d’apprendre, s’y mettre dès maintenant car ce n’est pas impossible, et investir dessus pour les enfants en leur payant des cours particuliers.

3. Créer des opportunités d’apprentissage : Mettre en place des livres, vidéos, ou même des groupes communautaires pour faciliter l’apprentissage des langues locales. J’ai même l’idée de créer une plateforme de mise en relation entre les familles et les enseignants de langues.

Si nous ne faisons pas cet effort aujourd’hui, il arrivera un moment où nos enfants n’auront plus que de vagues souvenirs des histoires, proverbes et chants qui font notre richesse. La langue, c’est l’âme d’un peuple. Si on la perd, on perd une partie de nous-mêmes. Alors, que fais-tu aujourd’hui pour transmettre ce trésor à la prochaine génération ?

Ooo be 👋🏿

Georges DEFO