La femme africaine n’est pas un agneau sacrificiel
Dans le monde actuel, la femme africaine ressemble trop souvent à un agneau sacrificiel. Elle porte le poids des injustices, des discriminations et des violences d’un système qui, au lieu de la protéger, la fragilise encore davantage. C’est une réalité silencieuse, que l’on préfère parfois ignorer, mais qui marque profondément nos sociétés.
Récemment, j’ai découvert un influenceur afro qui parlait d’une expérience troublante. Une autre influenceuse avait créé un faux profil et postait volontairement des messages dévalorisant les femmes noires. Le but ? Observer qui allait liker, partager et encourager cette ligne éditoriale. Le résultat a surpris beaucoup : ce n’étaient pas majoritairement les hommes noirs, contrairement à ce qu’on entend souvent. Cela montre que les injustices subies par la femme africaine viennent de plusieurs fronts, pas seulement de son entourage immédiat. Elle est doublement pénalisée : par un système global qui l’invisibilise et par des représentations sociales qui la fragilisent.
Le fait que la plupart des hommes noirs à succès choisissent rarement comme partenaire des femmes noires n’y est pas étranger. Loin de moi l’idée d’interdire à quiconque de faire ce qui lui plaît, mais je m’opposerai toujours à ce dénigrement systématique, utilisé comme pour justifier leurs choix. À croire que ceux-ci n’ont ni mères ni sœurs noires ? Si nous, hommes, maris, pères, frères noirs, ne respectons pas nos semblables féminines, qui le fera à notre place ?
La chanteuse Aya Nakamura, par exemple, a été traînée dans la boue il y a quelques jours par son ex-compagnon, qui a exposé ses multiples aventures et l’a livrée à la vindicte populaire. Résultat : elle a été insultée, traitée de femme aux mœurs légères, parfois même pire. Et ironie du sort, ces attaques venaient aussi d’autres femmes, qui dans d’autres situations se seraient levées pour défendre le droit d’une femme à disposer librement de son corps. Hélas, apparemment, toutes n’ont pas accès à ce privilège.
Et vous, avez-vous déjà pris conscience de la place qu’occupent les femmes africaines dans nos sociétés ? Comment sont-elles représentées dans vos discussions, vos médias, vos entreprises, vos foyers ? Leur donne-t-on la place qu’elles méritent ou ferme-t-on les yeux sur les injustices qu’elles subissent ? Ne serait-il pas temps de s’opposer à toute forme de black woman bashing ?
Il est temps de changer de regard. Non, la femme africaine n’est pas un agneau sacrificiel destiné à porter toutes les souffrances. Elle est une bâtisseuse, une force, un pilier de la société. Mais pour que cette vérité prenne vie, chacun de nous doit agir : reconnaître son rôle, la valoriser et dénoncer toute forme de discours ou de comportement qui la dénigre.
Car rappelons-le une bonne fois : la dignité de la femme africaine n’est pas négociable.
Georges DEFO