La mémoire en amitié : faut-il vraiment garder ceux qui étaient là “quand il n’y avait rien” ?
L’amitié a une mémoire très étrange. Les bons moments restent parfois… mais les dynamiques changent dès que la vie commence à nous sourire un peu plus que prévu.
Les temps favorables attirent des faux amis, des courtisants, des opportunistes — et dans le même temps, on a souvent tendance à oublier ceux qui étaient là à nos débuts.
Mais est-ce vraiment de l’ingratitude… ou juste la vie ?
Voici une vérité qui dérange :
les amis d’avant n’étaient pas toujours là parce qu’ils voyaient ton potentiel… mais parce qu’ils voyaient quelqu’un comme eux.
Quelqu’un qui ne faisait pas d’ombre. Quelqu’un qui ne remettait pas en question leur propre confort. Quelqu’un qui ne leur renvoyait pas leur manque d’ambition. Tu étais un miroir rassurant. Pas une promesse. Le problème arrive quand tu commences à t’élever.
Quand tu changes de vision, de rythme, d’environnement. Quand tu veux discuter projets et qu’on te parle encore de la vie des voisins. Quand tu veux avancer et qu’on veut t’enfermer dans le rôle que tu avais avant. Alors la question se pose réellement :
est-ce qu’on trahit nos anciens amis en s’en éloignant ?
Ou est-ce eux qui nous trahissent en refusant d’évoluer ?
Soyons honnêtes : tout le monde ne peut pas te suivre. Certaines amitiés ne survivent pas à la croissance.
Certaines ne supportent pas la lumière. Certaines étaient belles uniquement parce que vous étiez tous les deux dans le noir. Faut-il absolument les garder sous prétexte qu’ils étaient là “quand il n’y avait rien” ?
Et si justement, il n’y avait rien parce que tu étais enfermé dans ce cercle ? Je sais que ça peut choquer, mais je le pense sincèrement : quand on réussit, on doit quitter le quartier. Pas forcément physiquement, mais mentalement.
Quitter le quartier, c’est quitter les habitudes qui t’enferment, les mentalités qui te limitent, les relations qui te condamnaient à la stagnation. Les vrais amis d’avant ceux qui t’ont aimé, pas ceux qui t’ont utilisé resteront.
Ils évolueront avec toi, même si c’est maladroit. Ils applaudiront ton ascension, même si elle les dépasse. Ils t’aimeront pour ce que tu deviens, pas seulement pour ce que tu étais.
Les autres…il faut les laisser où ils sont.
La mémoire en amitié ne doit pas devenir une chaîne. Elle doit être un repère, pas une prison.
Georges DEFO