La personne que tu en face de toi mais pas toujours le résultat d’un parcours précis
J’ai eu un échange avec un jeune frère dernièrement. C’est quelqu’un que je trouve bourré de talent, qui respire la confiance et n’a peur de pas grand-chose. Je l’avais déjà reçu chez moi et nous avions parlé de son métier, mais je me suis rendu compte lors de notre dernier échange que nous n’avions jamais parlé de qui il était vraiment.
D’ailleurs, je repensais à un sketch d’un humoriste sud-africain très célèbre, qui anime aujourd’hui un talk-show aux États-Unis. Il disait que ça le fascinait de voir la différence entre Américains et Français dans leur rapport au travail. Quand tu demandes à un Américain de parler de lui, il commence par dire ce qu’il fait dans la vie. Un Français, lui, parlera plutôt de ses hobbies ou de ses voyages, et rarement de son boulot.
Revenons à mon jeune frère. C’est un cadre brillant dans le privé, il gagne très bien sa vie après de longues études. Lors de notre première rencontre, nous avions surtout parlé de comment il pourrait m’aider à élever mon contenu. Mais récemment, autour d’un verre qu’il m’offrait pour le remercier de mes conseils, il s’est livré pour la première fois. Et là, j’ai été surpris : il n’était pas du tout le fils de riche que je pensais. Au contraire, il venait d’une famille très modeste, avec une enfance bien plus rude que la mienne, remplie de violence et d’autres choses que je n’aurai même pas imaginé. J’aurais tellement aimé te donner plus de détails car en vrai sa jeunesse elle est assez sombre mais par respect pour lui, je ne le ferai pas. Tu vas devoir de contenter de « l’image » que je te te donne.
On croit parfois avoir le monopole de la souffrance… jusqu’à rencontrer quelqu’un qui nous donne envie d’appeler nos parents en pleine nuit, juste pour leur dire merci pour tout ce qu’ils ont fait, souvent dans l’ombre, sans qu’on s’en rende compte.
Deux choses à retenir. D’abord, si j’étais à sa place, je crois que tout le monde connaîtrait déjà mon histoire. Ma thérapie a toujours été de partager mes blessures, parfois un peu trop. Mais beaucoup, comme lui, préfèrent garder le silence et avancer. Et si j’étais la première personne à qui il confiait tout ça, j’en suis fier : cela veut dire qu’il me voit comme un abri.
Ensuite, il faut se méfier des apparences. Ces personnes qu’on juge arrogantes ou prétentieuses portent parfois des fardeaux invisibles. Retirer leur mérite parce qu’on imagine leur vie facile est une grave erreur. Chacun a ses bagages, ses traumas. La différence, c’est que certains choisissent de les cacher. À nous d’avoir la maturité de ne pas juger trop vite… et d’accepter que, peut-être, nous aussi, gardons des choses qui expliqueraient bien des choses si elles étaient connues.
Alors je vous pose la question : la prochaine fois que vous croiserez quelqu’un qui vous agace ou que vous jugez trop vite, prendrez-vous le temps de vous demander quelle histoire il cache ?
Georges DEFO