L’Afrique n’a pas besoin d’égalité, elle a besoin d’équité
On confond souvent égalité et équité. Pourtant, la différence entre les deux change tout.
L’égalité, c’est donner la même chose à tout le monde. L’équité, c’est donner à chacun ce dont il a besoin pour avancer.
Prenons un exemple simple : si trois personnes de tailles différentes veulent regarder un match derrière un mur, leur donner à chacune une caisse de même hauteur (égalité) ne sert à rien — le plus petit ne verra toujours rien. Par contre, leur donner des caisses adaptées à leur taille (équité) leur permet à tous de voir le match.
Dans nos sociétés africaines, c’est souvent ce glissement entre égalité et équité qui nous freine.
Si on prend d’abord le pan de l’éducation, On croit souvent qu’offrir les mêmes manuels ou le même programme à tous suffit. Mais un enfant en zone rurale, sans électricité ni accès internet, n’a pas les mêmes chances qu’un autre en milieu urbain. L’équité consisterait à lui offrir un accompagnement renforcé, du matériel adapté, ou un internat proche d’un centre éducatif.
Pour la fiscalité, taxer tout le monde au même taux paraît “égalitaire”. Mais une petite entreprise locale ne peut pas supporter le même poids fiscal qu’un grand groupe étranger. L’équité serait d’ajuster la fiscalité selon la taille, le chiffre d’affaires et l’impact économique réel. Par contre c’est plutôt sur les petites entreprises que très souvent les impôts tapent le plus.
Et pour finir sur le plan de la politique, donner une voix à chaque région est une forme d’égalité. Mais accorder plus d’écoute ou de moyens aux zones historiquement marginalisées serait une démarche d’équité — pour rééquilibrer des décennies d’écart de développement.
L’égalité vise la justice apparente, l’équité cherche la justice réelle. Et tant que nous confondrons les deux, nos sociétés continueront à reproduire les mêmes déséquilibres sous de nouveaux visages.
Georges DEFO