L’Afrique n’est plus un problème : elle devient une opportunité
Pendant longtemps, le récit dominant sur l’Afrique était simple : un continent-problème. On parlait de nous uniquement à travers la guerre, la pauvreté ou la corruption, comme si rien d’autre n’existait. Le plus triste, c’est qu’à force d’entendre ces histoires, beaucoup d’Africains ont fini par y croire. On a grandi avec l’idée que pour “réussir”, il fallait forcément s’éloigner de ce qu’on est. Aujourd’hui, quand je vais chez mon coiffeur ici à Lyon, j’essaie toujours de me dire que je ne dois pas entrer dans les débats avec les autres clients sur ce qui concerne l’Afrique, mais je n’y arrive pas à chaque fois. Et donc quand certains font cette peinture d’une « Afrique-Enfer » dont il faut s’éloigner à tous les prix, je ne leur en veux pas, mais j’essaie toujours de leur faire comprendre que cette approche n’est pas la bonne. Et je me heurte toujours à la même réalité.
Cependant, aujourd’hui, un changement profond est en train de se produire. Et ce changement ne vient ni des gouvernements ni des grandes organisations internationales. Il vient de notre culture. De notre créativité. De cette énergie brute que les Africains ont toujours portée en eux. Regarde la musique : afrobeats, amapiano, ndombolo… Ils ne sont plus confinés à nos quartiers. Ils portent nos langues, nos sonorités, nos danses au sommet des charts mondiaux. La mode suit la même trajectoire : tissus, coupes, palettes inspirées du continent, designers africains sur les podiums internationaux. Même chose dans le cinéma, la cuisine, la littérature, l’art numérique. On ne copie plus : on inspire. J’ai par exemple vu le dernier show de Asake et Burna boy, des chanteurs nigérians qui ont fait carton plein dans un théâtre très connu new-yorkais. Ce n’est qu’exemple parmi tant d’autres. Ce phénomène crée quelque chose de puissant : une inversion du récit.
L’Afrique n’est plus uniquement perçue comme un ensemble de crises à gérer, mais comme une source d’innovation, de style et d’influence. Et ça change tout. Parce que quand le monde commence à te regarder différemment, tu commences aussi à te regarder différemment.
Résultat : une nouvelle fierté émerge. Les jeunes Africains ne rêvent plus seulement de partir. Ils rêvent de créer, de bâtir, d’exporter leur identité. Ils réalisent que ce qu’ils ont entre les mains n’est pas inférieur : c’est unique, c’est désiré, c’est puissant. Tu auras remarqué la vague de stars américaines qui se sont mises à la recherche de leurs racines africaines, je suis convaincu que l’essor culturel y est pour beaucoup aussi. Le récit change. L’Afrique passe de “problème à résoudre” à “opportunité à saisir”. Et la meilleure partie ? Ce n’est que le début.
Georges DEFO