l'année n'est pas encore terminée, ce n'est pas encore l'heure du bilan mais j'ai déjà échoué

Il n’y a pas d’homme providentiel.

Il n’y a pas de remède miracle qui soigne tout, tel l’eau de la fontaine de jouvence.

L’imperfection est le trait de caractère que nous partageons tous, et avec le temps, j’ai appris à me méfier de tout ce qui est juste trop beau, trop parfait.

Je sais que certaines personnes qui me lisent et qui ne me connaissent pas personnellement se font une idée de moi qui est sûrement erronée. Il est vrai que je ne déroge pas à l’engagement que j’ai pris de te produire un texte chaque jour, et pour certains, cet accomplissement pourrait leur faire croire que je suis quelqu’un de spécial, voire d’exceptionnel. Pourtant, c’est quelque chose qui est à la portée de tout le monde, pour peu qu’on y mette de la volonté.

En début d’année, j’ai pris des résolutions et je me suis fixé des objectifs. Certains sont en bonne voie, et d’autres ont du mal à démarrer. J’avais prévu de faire environ 20 000 pompes cette année, mais malheureusement, à ce même moment l’année dernière, j’en avais déjà fait bien plus.

L’échec – si je peux l’appeler comme ça – qui me pèse le plus, c’est le coup d’arrêt de mon groupe de lecture. J’avais prévu, grâce à lui, de lire au moins 20 livres cette année, mais la machine s’est enrayée au deuxième livre : Comment se faire des amis.

Je t’en parle pour que tu comprennes que même ceux qui font des choses qui peuvent t’épater ou te faire les envier ont des échecs, des faiblesses, des zones d’ombre. Dirane demandait dernièrement à Philippe Simo pourquoi il ne faisait pas de feedback sur les projets qu’il présentait en grande pompe au départ et qui, parfois, ne marchent pas – alors même qu’ils ont encouragé des gens à payer des formations sur ces sujets.

Focalise-toi sur ce que tu peux faire à ton niveau. Rate d’autres choses, mais tire-en des conclusions. Pour ma part, la multitude de projets est la cause de cet échec. À la fin d’une journée, nous n’avons tous qu’un crédit de 24 heures. Suivre trop de lièvres à la fois n’est clairement pas ce qu’il faut faire.

Je le dis souvent : on ne peut pas tout faire, mais on peut toujours faire un choix.

Et faire un choix, c’est aussi renoncer. Renoncer à l’idée qu’on pourra tout mener de front, tout réussir, tout maîtriser. Je pense que le vrai luxe aujourd’hui, ce n’est pas de tout tenter, mais de savoir où mettre son énergie, son attention, son cœur.

Et ce n’est pas grave si tu rates des choses. Ce qui serait dommage, en revanche, c’est de ne jamais oser. Ne jamais démarrer. Attendre que tout soit parfait avant d’agir. Attendre de tout savoir avant de commencer. Je ne suis pas ce que je suis parce que je suis meilleur ou plus intelligent que toi. Je suis ce que je suis parce que je me suis donné le droit d’essayer, de me planter, puis de recommencer.

L’homme providentiel n’existe pas. Mais ce que je peux te garantir, c’est que l’homme volontaire, lui, change des choses.

Il ne fait peut-être pas de bruit, il ne brille pas toujours, mais il construit, petit à petit. Il apprend à choisir ses combats. Et surtout, il apprend à se pardonner quand il se trompe.

Alors si tu veux faire quelque chose cette année, commence. Même mal. Même lentement. Même seul. Laisse les gens penser ce qu’ils veulent.

Ceux qui t’applaudissent ne savent pas toujours ce que tu traverses. Ceux qui te critiquent ne savent pas toujours ce que tu construis.

L’essentiel, c’est que toi, tu saches pourquoi tu avances.

Et que tu continues. Inchangé peut-être, mais jamais immobile.

Georges DEFO