Le cliché : « les hommes africains ne respectent pas les femmes »
On entend souvent cette phrase : « les hommes africains ne respectent pas les femmes ».
C’est devenu une sorte de raccourci, parfois repris même par des Africains eux-mêmes, comme si le respect de la femme n’existait pas en Afrique.
Mais soyons honnêtes : peut-on vraiment mettre tout un continent dans le même panier ? Peut-on dire que 1,4 milliard d’hommes africains ont tous la même mentalité, la même éducation, la même histoire ?
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Mon expérience personnelle : un héritage de respect
J’ai grandi en voyant mon père respecter ma mère, au point que chaque fois qu’elle était alitée à cause d’une maladie, il nous disait toujours, apeuré : « si elle est couchée, c’est que c’est grave ».
Il savait que dans les situations dures, tout le monde pouvait baisser les bras sauf elle.
Dois-je aussi te parler du profond respect qu’il avait pour ses grandes sœurs – maman Élise, dont il a donné le prénom à ma sœur cadette, ou maman Marie ? Dois-je raconter comment il pouponnait ses filles ?
J’ai vu mes oncles traiter leurs épouses comme de vraies partenaires de vie, et j’ai vu des amis mettre la barre très haut dans leur manière de considérer les femmes.
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Le respect de la femme existe partout… et le contraire aussi
Bien sûr, j’ai aussi vu l’inverse : des comportements toxiques, du machisme, des violences verbales ou physiques. Mais est-ce spécifique à l’Afrique ? Pas du tout.
Ces dérives existent partout dans le monde.
Le problème de ce cliché, c’est qu’il invisibilise les efforts de tous ceux qui, au quotidien, respectent, honorent et valorisent leurs compagnes, leurs sœurs, leurs filles. C’est comme si on effaçait d’un revers de main des générations entières d’hommes africains qui se battent pour une société plus juste et plus équilibrée.
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Les traditions africaines et la place centrale des femmes
Dire que « les hommes africains ne respectent pas les femmes », c’est aussi nier nos propres cultures.
Beaucoup de traditions africaines, bien avant la colonisation, plaçaient la femme au cœur de l’organisation sociale.
Reines, cheffes, gardiennes du savoir, médiatrices dans les conflits… les exemples abondent.
Et si je ne me trompe pas, l’expression « Ma mère est mon Dieu sur terre » n’est pas courante en Occident, mais bien en Afrique.
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Au-delà des clichés : la vraie question
Au lieu de répéter ce cliché, posons-nous la vraie question :
👉 Comment faire pour que les hommes qui ne respectent pas les femmes – en Afrique comme ailleurs – évoluent vers plus de considération et d’équité ?
Parce que réduire tout un peuple à un défaut, c’est non seulement injuste, mais aussi inefficace si on veut changer les choses.
Georges DEFO