Le Contrat Social : ce que les jeunes Africains doivent enfin comprendre

Il existe un concept politique que les grands penseurs ont exploré pendant des siècles : le contrat social. Derrière ce terme qui peut paraître lointain, il y a une idée simple : une société ne grandit que si chacun accepte de jouer collectif. On renonce à certains comportements individuels pour construire quelque chose de plus grand que soi.

C’est ce principe qui a fait la force des nations occidentales, asiatiques, ou même de petites diasporas très soudées comme les Juifs ou les Libanais. Et si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que ce concept manque cruellement aux jeunes Africains surtout ceux qui évoluent dans des pays d’accueil. Il y a pas mal d’exemples qui illustrent ceci, mais je n’en prendrai qu’un seul que tu comprendras surement. 

Dans le monde du travail en Europe, j’ai vu des Africains s’entre-détruire pour des miettes. Des collègues noirs qui préfèrent casser un autre noir pour paraître “le bon Africain fiable”. Des compatriotes qui sabotent une candidature, donnent une mauvaise recommandation ou mentent pour empêcher l’autre de monter. La version ultime de cet agissement, la délation parfois gratuite et la diffamation auprès des services de l’état.  Ce comportement n’a rien d’anodin : c’est l’absence totale de contrat social. Tu me diras surement que c'est en partie la conséquence de l'absence de contrat dans notre pays d'origine, ce qui n'est pas totalement faux.

Pendant que les Indiens s’entraident, recommandent les leurs, construisent des empires entiers dans la tech. Pendant que les Maghrébins créent des réseaux, partagent les bons plans, montent ensemble, Nous, trop souvent, on se bat pour être “l’unique Africain toléré dans la pièce”. Pour être le “président”, celui qu’on attend avant d’ouvrir le buffet ou celui qui décide si l’on doit se mobiliser pour soutenir un compatriote endeuillé. Oui j'ai vu des veillées "taper poteau" comme on dit en Côte d'ivoire, car la personne endeuillée n'étaient pas dans les petits papiers de la bonne personne.

Ce que Rousseau, Hobbes ou Locke diraient de nous, Ils diraient que nous vivons dans un “état de nature” social : chacun pour soi, méfiance, insécurité, compétition animale. Aucune structure qui stabilise la confiance, aucune règle non écrite qui protège la communauté. Un peuple qui ne joue pas collectif n’a pas de puissance. Et une diaspora fragmentée ne peut rien peser dans un monde qui respecte uniquement les groupes soudés.

Le problème est identifié, comment fait-on donc pour changer les choses? 

Ce n’est pas compliqué : créer notre propre contrat social. Voici quelques règles simples, mais vitales par lesquelles on pourrait déjà commencer:

• Recommander un Africain quand il est compétent.
• Donner l’information, pas la garder par peur d’être dépassé.
• Dire la vérité sans jalousie.
• Aider quelqu’un en bas de l’échelle parce qu’on a tous commencé là.
• Cesser de croire que la lumière des autres éteint la nôtre.

Pour finir, Les autres diasporas avancent parce qu’elles comprennent que si l’un monte, il tire les autres avec lui. Tant que nous verrons l’autre Africain comme un rival au lieu d’un allié, nous resterons faibles individuellement et invisibles collectivement. C’est donc pour çà que je comprends mieux l’initiative “Campus MBE” c’est une façon pour Raoul de mettre en place ce contrat social entre lui et les nouvelles générations d’africains qui arrivent un peu chaque jour sur le vieux continent un peu comme nous l’avons tous fait à une époque différente.

Le contrat social n’est pas un concept lointain. C’est notre porte de sortie. À nous de le signer.

Georges DEFO