Le jour où j’ai découvert que j’étais… un borgne qui se moquait d’un aveugle

Je suis tombé sur un ancien statut que j’avais posté sur mon profil Facebook il y a de cela 15 ans. J’avais écrit : “gars calmez vous ! C pass ke vous croyez g rentre b1tot”. Je suis tombé de très haut, et si je n’avais pas la conviction que mon compte n’a jamais été usurpé, je n’aurais pas hésité à nier être l’auteur de ce texte.

Ceux qui me connaissent, en commençant par mes sœurs, savent que j’ai horreur de cette façon d’écrire, qui pour moi encourage la négligence dans les écrits. Et à ce que je me souvienne, j’ai toujours été comme ça. Donc voir un message, une sorte de capsule temporelle de ce que je faisais à cette époque, m’a fait l’effet d’un choc.

On a tendance à oublier qu’on n’est pas parfait. Et même si notre moteur est souvent de devenir une meilleure version de nous-mêmes, il est très important de se tourner parfois vers notre ancienne version. Parce que si un jour l’envie nous prenait de regarder les gens de haut, on aurait de vrais motifs d’humilité. Quand je pense qu’à cette époque j’étais très critique envers ceux qui faisaient des fautes d’orthographe, je me rends compte que j’étais finalement un borgne qui se moquait d’un aveugle.

Je crois que ce que ce statut m’a le plus appris, ce n’est pas que j’écrivais n’importe comment ça, le choc est passé mais surtout à quel point on change, parfois sans s’en rendre compte. On grandit, on affine sa pensée, on améliore sa manière de s’exprimer, on polit ses réflexes… et pourtant, on garde souvent l’impression d’avoir toujours été comme on est aujourd’hui. C’est faux.

Ce vieux statut, c’est un rappel. Un rappel que j’ai moi aussi été approximatif, brouillon, influencé par l’époque, le style ambiant, la mode de l’écriture SMS. Un rappel que j’ai moi aussi eu mes angles morts, mes incohérences, mes faiblesses. Et qu’au fond, personne n’arrive au sommet d’un coup ; on monte marche par marche, parfois même à quatre pattes.

C’est pour ça que je comprends mieux aujourd’hui l’importance d’être indulgent avec les autres. On juge souvent les gens sur ce qu’ils sont maintenant, sans imaginer une seconde ce qu’ils essayent de devenir. On oublie que chacun a eu un “ancien statut Facebook” dans sa vie parfois visible, parfois discret, mais toujours réel. C'est d'ailleurs pour çà que j'ai toujours trouvé très intéressant ce que fait Raoul de poster très souvent des anciennes photos de lui "dans la galère". Et ça m’a rappelé quelques principes simples :

  1. ne jamais se croire arrivé.
  2. ne jamais perdre de vue d’où l’on vient.
  3. ne jamais regarder quelqu’un de haut sans vérifier le chemin qu’on a soi-même mis des années à parcourir.

Finalement, ce statut m’a fait sourire. Pas de honte, pas de malaise, juste un constat : on est tous passés par là, et c’est très bien ainsi.

Georges DEFO