Le nom de famille, un héritage mémoriel…

Si je ne m’étais pas mis à écrire et à lire, je serais clairement quelqu’un d’aigri et d’envieux. Je t’avais dit que je suis quelqu’un qui a la chance comme je le vois ou le malheur comme certains peuvent le penser d’être entouré uniquement de personnes toutes plus brillantes les unes que les autres. Ce panel de haut vol me permet de toujours me challenger et chercher à ne pas être à la traîne.

Aujourd’hui, comme je l’avais déjà fait une fois, je vais prêter ma modeste estrade à l’un deux. Je n’ai eu de cesse de lui demander de le faire plus souvent, mais je peux comprendre aussi qu’il a sûrement plein d’autres choses à faire. Donc aujourd’hui, je vous mets un texte de mon frangin et j’espère que comme moi vous allez l’apprécier.


« Le nom de famille, un héritage mémoriel…

Mais pourquoi ne portes-tu pas le même nom que tes parents ? 

Voilà une question qui m’est souvent posée par certains de mes amis. Certains parmi vous ont peut-être été interpellé sur cette question. 

Essayons ensemble de répondre de manière non exhaustive à ce questionnement. 

Au Cameroun et un peu partout en Afrique, le nom de famille apparait comme étant un marqueur de notre identité, une clé de rattachement à notre tribu ou à notre ethnie. Il peut également être un canal de rattachement à la personnalité d’un membre de la famille (ou celle d’un proche) ayant pu inspirer nos parents avant ou au moment de votre naissance. C’est ainsi qu’on a des camerounais, du nord au sud et de l’est à l’ouest, qui ne portent ni le nom de leur père, ni celui de leur mère. C’est le cas de ma petite personne. 

Je m’appelle Charlie NDZIÉ.  Je ne porte ni le nom de mon père, ni celui de ma mère. 

Le point de départ de ce marqueur identitaire est consubstantiel à une date particulière et antérieure à ma naissance. Il s’agit de la date du 12 mai 1989. En effet, ce jour-là, une dame au grand cœur était rappelée auprès de son créateur. Elle s’appelait Catherine NDZIÉ, épouse ATANGANA. C’était ma grand-mère. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de la connaître.  Cependant, il existe d’autres moyens pour apprendre à connaître ceux qui sont partis avant nous. Pour mon cas, c’est avec le temps et le récit de la vie ma grand-mère que j’ai compris la raison pour laquelle je porte le nom « NDZIÉ ». La particularité de ce nom de famille découle de la signification qu’il revêt en français. « NDZIÉ », mot originaire de la langue éwondo (ma langue maternelle) veut dire « petit fils de » ou encore « petite fille de ». Vous l’aurez certainement remarqué, cette traduction met en évidence une connexion mémorielle (et peut-être physique) qui transcende ma propre personne.  

Conscient de cette particularité, j’ai toujours été très attentif lorsque mes parents parlaient de ma grand-mère. 

C’était une femme pleine de courage et dotée d’une résilience sans pareil. Les dernières années de sa vie ont été marquées par une période post succession très conflictuelle à la suite du décès de mon grand père en 1986. Elle s’est ainsi battue pour protéger ses huit enfants de la précarité dans laquelle certains membres de la famille de mon grand-père ont voulu la plonger. Elle a également tracé la ligne d’une famille qui demeure unie au nom des valeurs qu’elle a transmise à ses enfants. 

Ma grand-mère était une femme pleine de convictions, loyale, douce, affectueuse et très attachée aux valeurs familiales. Ces traits de caractères ressortent également des échanges entres ses enfants. 

Pendant longtemps je me suis demandé si mon entourage retrouve tout ou partie de ces traits de caractère en ma personne. J’avoue que j’ai abandonné ce questionnement. Cela a été possible lorsque je me suis réapproprié une citation de Frantz Fanon (utilisée initialement pendant la période de décolonisation, qui elle-même constitue une quête vers l’identité des peuples colonisés). Ce dernier disait « chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Il reviendrait alors à chacun d’entre nous de prendre conscience de l’héritage mémoriel que constitue notre nom de famille et de le faire vivre dans l’un des cas de figure envisagés par Frantz Fanon. Cet héritage mémoriel constitue, peut-être pour chacun d’entre nous, la boussole pouvant faciliter la réalisation de notre destinée. 

Et vous, avez-vous déjà entamé une réflexion sur l’origine de votre nom de famille ? »

Voilà, quelle plume! D’ailleurs si je dois répondre à sa conclusion, hélas, je ne sais pas quelle est l’essence de mon nom que je porte pourtant si fièrement, raison pour laquelle j’adore m’appeler mon fils par ce même nom et suis encore plus fier quand il me répond lui aussi avec la même fierté 

Emoji

. Tache à moi d’en chercher rapidement la signification pour des à présent lui transmettre cette mission qui est la nôtre et ne pas la trahir !!

Merci Charlito!!