Le poids des mots

En tant que jeune Camerounais ayant fait mon premier cycle d’études au pays, j’ai souvent tendance à dire que ce que j’ai subi comme brimades m’a forgé.

Ces moqueries, ces petites humiliations, ces jeux cruels entre camarades — tout ça a contribué à faire de moi quelqu’un de taquin, mais aussi de résilient.

On dit que la vérité sort de la bouche des enfants… mais la méchanceté, elle aussi, sait très bien s’y loger.

J’ai longtemps eu du mal à comprendre pourquoi cette cause prenait autant d’importance ici, en Europe. Jusqu’à ce que je lise et entende les histoires tragiques d’enfants qui se sont ôté la vie à cause de camarades qui étaient allés bien trop loin. Et là, j’ai compris. Aujourd’hui, ma réflexion est double.

D’abord : comment faire pour que mon fils ne soit jamais victime, ni bourreau de ce genre de comportement ? Ensuite : comment réagir si, un jour, il m’avoue qu’il en est victime sans perdre le contrôle, sans franchir les limites de la loi ?

Devenir parent change tout. Avant, je n’aurais sans doute pas accordé une minute à un sujet comme celui-ci. Pas parce que le harcèlement n’existe pas chez nous, mais parce que nous n’avons pas le même rapport à la souffrance émotionnelle.

Chez nous, on apprend tôt à encaisser, à se taire, à “être fort”. Mais est-ce vraiment ça, être fort ? En ce jour mondial contre le harcèlement scolaire, j’ai juste envie d’attirer ton attention sur ce sujet qui, moi, me glace le sang rien qu’à y penser. Et toi ? Est-ce que tu as déjà réfléchi à la manière dont tu réagirais si ton enfant ou un proche en était victime ?

Georges DEFO