Le rêve de partir, ou le risque de tout perdre ?

Nous qui vivons ici en France, et qui pour certains avons un niveau de vie décent — sans être millionnaires non plus —, combien d’entre nous seraient prêts à sortir des dizaines de milliers d’euros pour envoyer nos enfants étudier aux États-Unis, au Canada ou au Japon ?

Pas tant que ça.

Pourquoi ? Parce que malgré ses défauts, la France propose une éducation de qualité, avec des coûts bien moindres. Le ratio “qualité/prix” est imbattable. Alors, même si l’éducation est meilleure ailleurs, on ne juge pas l’effort justifié. Ce serait excessif.

Et pourtant…

Quand on regarde ce que font certains de nos compatriotes très aisés — souvent installés en Afrique —, on observe une réalité bien différente :

Ils n’hésitent pas à envoyer leurs enfants étudier à prix d’or à l’étranger. Ils ne se posent pas la question du rapport qualité/prix. Et surtout, ils les encouragent à rester là-bas une fois diplômés. Ça peut sembler logique. Offrir le meilleur à ses enfants, qui ne voudrait pas ça ?

Mais il y a une contradiction de fond que je n’arrive pas à ignorer : Beaucoup de ces personnes ont bâti un patrimoine immense chez eux, je ne te parle pas ici des pilleurs de caisse de l’état. Bien qu’eux non plus ne dérogent pas a la règle. Ils ont donc honnêtement acquis Des maisons, des entreprises, des terres, une réputation…

Mais une fois partis, leurs enfants sont déconnectés de tout ça. Ils n’ont pas grandi là. Ils ne parlent parfois même plus la langue. Ils ne comprennent ni les codes, ni les enjeux, ni les dynamiques locales.

Et quand ces parents disparaissent — parce que Memento Mori, n’oublions jamais —, tout ce qu’ils ont construit se désagrège.

Faute de lien. Faute de transmission. Faute de préparation.

Alors oui, je comprends qu’une famille pauvre puisse croire que son salut viendra de l’immigration.

Mais quand ceux qui ont déjà réussi, qui ont déjà un socle solide, choisissent l’exil comme unique projet pour leurs enfants, je me demande si on n’est pas en train de saboter la suite de l’histoire. Parce que partir, ce n’est pas un problème. Mais oublier d’où l’on vient, ce qu’il faudra un jour reprendre, assumer ou défendre, ça, c’en est un.

Je sais que pour beaucoup je parle aujourd’hui parce que je suis en Europe mais la réalité c’est que si je venais d’une famille aisée, je n’aurais pas donné la priorité au voyage. À l'époque parceque je ne comprenais pas pourquoi je devais m’éloigner des miens avec qui j’étais très fusionnel et encore plus aujourd’hui où cette fusion a subi les intempéries du temps et de la distance. Car oui quand on est pauvre, on peut passer 10 ans sans retourner visiter ses proches et ça qu’on le veuille ou pas ça te change un homme.

Ce texte contrairement à ceux que je redige souvent ne part pas de certitude, mais un appel au questionnement et à la pratique de lexercice de « Thinking out of the box ». Je suis d’ailleurs curieux d’avoir ton avis sur le sujet si jamais tu as vécu la situation que je décris.

Georges DEFO