Le testament : un héritage de paix


Dans de nombreuses familles africaines, la mort d’un parent fortuné devient le début d’une guerre silencieuse. Maisons, terrains, commerces, comptes bancaires : au lieu d’unir, l’héritage divise. Des frères et sœurs cessent de se parler, des procès s’ouvrent, et parfois des biens construits avec des années de sacrifices finissent vendus à vil prix. Tout ça parce qu’un sujet, pourtant simple, reste tabou : le testament.

Chez nous, parler de testament est souvent perçu comme “appeler la mort”. On préfère remettre à demain, se dire qu’on a encore le temps. Mais le silence ne protège pas : il détruit. Un parent qui meurt sans avoir clarifié ses volontés laisse sa famille désarmée, livrée aux jalousies et aux interprétations.

Écrire un testament, ce n’est pas souhaiter mourir, c’est un acte d’amour. C’est dire à ses enfants : “Je veux que vous restiez unis, même après moi.” C’est transformer des biens matériels en héritage de paix. C’est aussi protéger ceux qui, souvent, restent dans l’ombre : une épouse, des enfants plus fragiles, ou même une œuvre que l’on souhaite soutenir.

La nouvelle génération africaine construit de plus en plus de patrimoines : immobilier, entreprises, épargne, investissements à l’étranger. Si nous ne changeons pas nos mentalités, nos enfants hériteront autant de nos biens que de nos conflits.

Le vrai héritage, ce n’est pas seulement ce qu’on laisse derrière soi, mais la manière dont on le transmet. Et parfois, une simple feuille écrite peut sauver des décennies d’amour familial.

Établir un testament, c’est préparer l’avenir, éviter le chaos, et laisser une trace qui a plus de valeur que l’argent : l’unité. Quand je vois comment je souffre aujourd’hui pour bâtir un patrimoine, je me retournerai sûrement dans ma tombe si tout ceci ne revient pas à ceux que j’aurai décidé de mon vivant. Couchez vos dernieres volontes sur papier dès que possible, car nul ne sait ni l’heure ni le moment.

Georges DEFO