L’injustice ordinaire

L’injustice ne se cache pas toujours dans les grandes affaires d’État, les tribunaux ou les scandales. Elle vit souvent dans les détails du quotidien.

Celle qu’on banalise, qu’on justifie, qu’on perpétue sans même s’en rendre compte.

C’est le chef qui favorise son cousin pour un poste qu’il ne mérite pas.

C’est l’élève brillant qu’on décourage parce qu’il n’a pas “le bon nom”.

C’est la femme compétente qu’on met de côté au profit d’un homme “plus charismatique”.

C’est aussi le fonctionnaire qui ralentit un dossier juste parce qu’on n’a pas glissé quelque chose dans l’enveloppe.

Ces injustices-là ne font pas la une des journaux, mais elles rongent le tissu social à petit feu.

Elles fabriquent du découragement, tuent la confiance et entretiennent le sentiment que “rien ne sert d’être honnête”.

On parle souvent de changer le système, mais le système, c’est nous.

Et tant que chacun continuera à fermer les yeux sur ses petites compromissions, on aura beau changer les lois, les visages ou les drapeaux — rien ne changera vraiment.

Le vrai combat n’est pas contre l’injustice spectaculaire, mais contre celle qu’on appelle “normale”.

Georges DEFO