L’omerta : un silence à double tranchant, une leçon pour l’Afrique ?
Ce matin, je regardais un documentaire sur le brigand italien Franck Costello dont est inspiré Don Corleone, le Parrain, personnage fictif représentant un boss de la mafia italienne aux États-Unis. D'ailleurs pour ceux qui sont fans de ce genre de documentaire, je vous recommande la chaine Youtube "Profession Gangster" qui produit du contenu de qualité.
Tu as sûrement déjà entendu parler de la loi de l’omerta, ce fameux code de silence né dans la mafia italienne, qui interdit de dénoncer ou de parler à l’extérieur de ce qui se passe à l’intérieur. À première vue, ça sonne comme quelque chose de dangereux, un frein à la justice. Et tu as raison.
Mais comme toute chose, il y a une face que l’on regarde trop souvent, et une autre qu’on oublie d’explorer.
La loi de l’omerta, c’est aussi la protection du groupe. C’est le fait de régler ses différends en interne, de préserver l’image de la famille ou de l’organisation, et d’éviter que les conflits internes deviennent des spectacles publics. C’est le sens du “on lave notre linge sale en famille”.
Et si on y réfléchit bien, cette forme de loyauté, de solidarité, pourrait inspirer l’Afrique sur bien des aspects. Trop souvent, on expose nos divisions au grand jour, on détruit ce qu’on construit à cause d’égo, de jalousie ou de rivalités internes. Les grandes civilisations ont toutes su protéger leurs secrets, leurs projets et leurs savoir-faire, quitte à les transmettre dans la discrétion la plus totale. Crois-tu vraiment que si les autres ne savaient pas que nous n’étions pas unis et indivisibles, ils oseraient proposer des pots-de-vin à certains parmi nous pour obtenir des faveurs au détriment de la majorité ? Penses-tu que si Camerounais et Ivoiriens ne se donnaient pas en spectacle sur les réseaux sociaux à cause de sujets parfois futiles, d’autres se permettraient-ils d’avoir des jugements de valeur sur notre communauté dans sa globalité ? Je ne parle même pas de ceux-là qui n’attendent que ce genre d’occasion pour jouer les pompiers pyromanes.
Donc, comme aime le dire mon grand frère Junior BANE : non, il ne s’agit pas de couvrir le mal, ni de justifier l’impunité. Il s’agit de comprendre que parfois, avancer, c’est aussi savoir se protéger. Une nation forte, c’est d’abord une nation solidaire, qui se parle, se soigne et se tient, même dans la tempête.
Alors si tu fais partie de ceux qui veulent construire, souviens-toi : le silence complice est à bannir, mais le silence stratégique peut parfois sauver une génération. La loi de l’omerta, comme un couteau, peut servir à éplucher la banane qui nourrira toute une maisonnée, mais peut aussi blesser cette même maisonnée. Tout dépend de celui qui tient le couteau.
Georges DEFO