L’unilatéralité du devoir dans la relation parent-enfant
Beaucoup de personnes, comme je le disais déjà hier, adorent sortir le totem d’immunité qu’est le droit d’aînesse. Au point qu’on en arrive à une conclusion troublante : dans nos familles africaines, les enfants n’ont souvent que des devoirs… mais très peu de droits.
Les parents ou les aînés peuvent parfois disposer de nos biens comme bon leur semble, sans que nous ayons notre mot à dire. Chez certains de nos frères d’Afrique de l’Ouest, tant que les parents sont vivants, il est encore coutume de verser l’intégralité de son salaire au patriarche, qui décide ensuite comment l’utiliser. Dans d’autres régions, on ne choisit pas toujours qui on épouse, car les mariages sont déjà arrangés depuis longtemps.
Et même lorsqu’on prend ses responsabilités, qu’on travaille dur, qu’on envoie de l’argent pour soutenir la famille, il arrive qu’au moment d’investir, on se fasse dépouiller par ceux-là mêmes qu’on voulait aider. Mais attention, il ne faut surtout pas s’en offusquer : on ne parle pas fort à un parent, encore moins à un aîné. Grâce à ce fameux totem d’immunité, il a toujours raison, même quand il a tort.
Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres, et évidemment tous les aînés ne sont pas ainsi. Mais il y en a encore trop pour qu’on continue à faire comme si de rien n’était.
Oui, nous devons respect et reconnaissance à nos aînés. C’est notre devoir. Mais nous avons aussi des droits, et il est temps de les reconnaître. Sinon, nous ne ferons que reproduire le même schéma sur nos enfants et nos cadets.
Le respect n’exclut pas l’équilibre. L’amour, même filial, ne devrait jamais rimer avec soumission.
Georges DEFO