Méprisant au Cameroun mais humble au Canada. Le paradoxe du sissia!

Hier je lisais le texte de Johann qui nous expliquait de façon brillante ce qu’est le « sissia » et comment cette notion est ancrée dans le quotidien et les mœurs des Camerounais, de la secrétaire, en passant par le professeur d’université, pour finir dans les hautes instances de décision de notre pays. Le sissia comme on l’appelle est cette façon que nous avons de soumettre une personne qui est dans son droit, parfois en l’intimidant quand celle-ci commence à avoir trop de velléités ou tout simplement en la méprisant pour limite lui dire : « il n’y a rien à voir ici, passez ! Vous nous perdez du temps. » Je suis très loin de la qualité avec laquelle il a décrit cela. Je te mets le lien vers son article ici , il en vaut le détour.

Si tu me lis de façon assidue, tu te souviens du texte que j’ai écrit pendant mon trajet en train pour Bratislava, capitale de la Slovaquie (le centre de l’Europe). Je parlais des entreprises qui ne prennent pas le temps d’écouter leurs clients car ça coûte trop cher et surtout, à quoi bon puisque le business tourne déjà. Je parlais surtout de ma banque qui avait raté la digitalisation de ses services avec une application de banque en ligne qui marche une fois sur deux. J’avais remonté mon souci au service client, 4 jours après toujours pas de réponse. Je fais une relance, j’ai même eu le temps de trouver une autre solution en demandant à un ami de faire le virement depuis sa banque à lui. Deux jours après avoir solutionné mon problème, je reçois une réponse du service client. Je te la mets ici :


Je lui fais donc savoir que mon problème n’a toujours pas été résolu car bien que l’opération bancaire ait été faite par un moyen détourné, ça ne fonctionne toujours pas comme je le souhaite. Et d’ailleurs je lui notifie le fait que je sois déçu de la façon dont mon problème a été traité.

Le lendemain, je reçois une réponse dans laquelle la personne de l’autre côté me demande de réessayer. Elle n’a même pas pris la peine de s’excuser pour la gêne occasionnée. De toutes les façons, j’imagine que si j’étais en face d’elle, elle m’aurait bien marqué son mépris du regard. Heureusement pour moi que les écrits restent, mais j’ai l’impression que même ça n’est pas suffisant pour l’empêcher de me “sissia”.

Voilà clairement à quoi ressemblent la plupart des échanges client-fournisseur de services.

Donc avant de crier au scandale en disant que “le pays tue les jeunes”, et vouloir tout faire pour partir au Canada, assure-toi que toi, de l’autre côté, quand tu as ton client qui paie pour un service, tu sois professionnel avec lui. En gros, assure-toi de bien faire ton travail.

Car ce qui fait mal, c’est que quand tu iras même au Canada, tu seras l’employé modèle car tu seras aimable avec tes clients.

Juste qu’entre nous, on aime bien se “sissia”.

Qui a peur de qui ? Qui peut te faire quoi ?

Alors qu’on n’est pas dans un combat. On est au travail, juste que beaucoup ne s’en sont pas encore rendus compte.

Georges DEFO