Mesurer le développement : au-delà des comparaisons
Le week-end dernier, j’ai eu un échange avec un aîné qui me disait que la comparaison Cameroun–Côte d’Ivoire n’avait pas lieu d’être. Car selon lui le Cameroun est souverain tandis que la côte d'ivoire appartiendrait aux étrangers. C'est l'un de ses arguments et je n'étais pas d'accord avec la plupart.
Mais une question est restée dans mon esprit : à quoi mesure-t-on réellement le développement ? Et une fois qu’on met ces points au clair, est-ce qu’un pays comme le Cameroun a même besoin d’être comparé pour comprendre que beaucoup de choses peuvent être mieux faites, et qu’il est temps, collectivement, de se mettre au travail ? On a longtemps réduit le développement aux immeubles, aux échangeurs, aux centres commerciaux ou à la croissance du PIB. Mais la vérité est plus simple : un pays n’est pas développé parce qu’il brille, mais parce que son peuple vit mieux.
Le premier indicateur, c’est le bien-être humain : Est-ce que les gens ont accès aux soins ? Est-ce qu’on peut tomber malade sans ruiner toute une famille ? Vivre longtemps sans avoir peur de mourir d’un paludisme qu’une simple injection aurait pu éviter ? Le développement, c’est quand la vie cesse d’être une loterie.
Le deuxième, c’est l’éducation. Pas le nombre d’universités, mais la qualité de ce qui y est enseigné. Former des esprits capables de réfléchir, de créer, d’innover. Pas des citoyens qui mémorisent sans comprendre.
Ensuite, il y a les infrastructures utiles. Pas celles qui impressionnent, mais celles qui servent comme des routes qui ne te brisent pas la colonne ou les testicules ( wah Logpom ☹️ ), une eau potable qui coule sans coupure, un courant électrique stable, un accès à internet fiable pour travailler ou apprendre.
On mesure aussi le développement à la justice et à la sécurité. Un pays n’est pas avancé si la loi dépend du statut social de celui qui la viole. Si la corruption est plus efficace qu’un diplôme. Si un citoyen ordinaire ne se sent jamais totalement protégé.
Enfin, le développement, c’est l’opportunité économique. La possibilité, pour un jeune talentueux, de réussir sans devoir s’exiler. De créer, d’entreprendre, de travailler dignement. Un pays où chacun peut se projeter dans cinq ans sans trembler.
Alors oui, peut-être que Cameroun et Côte d’Ivoire ne doivent pas toujours être comparés. Mais une chose est sûre : on n’a même pas besoin de regarder ailleurs pour savoir que nous pouvons faire mieux. Le développement ne vient pas des débats, mais du travail. Et peut-être que la vraie comparaison à faire… c’est le Cameroun d’aujourd’hui face au Cameroun que nous voulons laisser à nos enfants. Donc arrêtons de toujours vouloir critiquer pour critiquer ou défendre l'injustifiable pour justifier justement les faveurs ou les gombos ministériels.
Georges DEFO