Ne jetons pas par les fenêtres de l’argent que nous n’avons déjà pas

Imagine un village avec 100 habitants. Chacun travaille dur pour cultiver ses champs, fabriquer des vêtements ou élever du bétail. Mais au lieu de s’échanger leurs produits, tous vont acheter ce dont ils ont besoin dans le village voisin. Résultat ? L’argent quitte leur village… et n’y revient jamais. Et le village voisin se développe.

C’est exactement ce qui se passe quand on consomme uniquement des produits importés. Chaque fois que tu achètes un paquet de riz asiatique, un savon européen ou un jus américain, tu encourages des économies étrangères… pendant que la tienne stagne. Je ne parle pas ici de l’état qui effectivement ne protège pas contre les importations massives, mais je parle de notre action quand nous avons la possibilité de consommer local et choisissons délibérément de consommer les produits importés.

On appelle cela la balance commerciale. C’est la différence entre ce qu’un pays vend aux autres (les exportations) et ce qu’il achète chez eux (les importations). Quand un pays importe plus qu’il n’exporte, il perd de l’argent. Et cette perte se ressent dans nos poches, notre chômage, et le manque d’infrastructures. Les produits locaux aujourd’hui ne sont certes pas toujours à la hauteur de notre exigence, mais il faut se rappeler que les produits étrangers que nous aimions sont le résultat de siècles d’itérations et de perfectionnement.

Consommer local, ce n’est pas juste faire plaisir à mon cousin qui vend le porc braisé, soutenir une copine qui fabrique ses crèmes ou soutenir mon ami qui construit des maisons. C’est un acte économique fort. C’est garder l’argent chez nous, permettre aux entreprises locales de se développer, aux jeunes de trouver un emploi, et aux États de collecter plus d’impôts pour investir dans les écoles, les hôpitaux ou les routes.

Et attention : délaisser les marchés pour courir dans les grandes surfaces étrangères, c’est souvent aggraver le problème. Car ces supermarchés, même installés sur le sol africain, rapatrient souvent leurs bénéfices dans leur pays d’origine. Pendant que la vendeuse du marché, elle, réinjecte directement l’argent dans l’économie locale.

Alors, la prochaine fois que tu fais tes courses, pose-toi la question : est-ce que mon achat nourrit l’économie de mon pays, ou celle d’un autre ? Si on veut que ça change, ça commence avec nous.

Georges DEFO