On ne peut pas crier au racisme… quand on vit dans le tribalisme.

Le Cameroun est un pays d’une richesse culturelle incroyable.

Plus de 250 ethnies, des langues, des danses, des saveurs, des traditions…

Et pourtant, cette richesse devient parfois notre plus grande faiblesse.

À force de mal la gérer, de mal la transmettre, on finit par créer des fractures. Le repli identitaire devient une protection. Les aînés, marqués par leur histoire, transmettent plus de méfiance que d’ouverture.

Pas toujours volontairement, mais parce que leurs blessures parlent plus fort que leur raison.

« Ne fais pas trop confiance aux gens de là-bas. »

« Tu sais comment ils sont. »

« On n’a jamais été bien vus dans cette région. »

Et ça continue. De génération en génération. On apprend à se méfier avant d’aimer, à classer avant de connaître. Et tout ça, dans un pays censé être “un et indivisible”.

Mais alors… doit-on continuer à suivre aveuglément ces consignes invisibles, au nom du respect des anciens ? Ou doit-on oser remettre en question ces schémas, au nom d’un avenir plus sain ?

Faut-il attendre que l’État vienne faire l’unité … ou devons-nous commencer, chacun à notre niveau, à élever les consciences ? Parce qu’en vrai, quel droit avons-nous de crier au racisme, si dans nos propres cercles, nous perpétuons le tribalisme, la xénophobie, ou la haine d’une autre région ?

Je me suis même surpris à lâcher un fou rire quand j’ai dit qu’il fallait attendre que l’État vienne faire l’unité.

Parce qu’à l’heure actuelle, au nom du diviser pour mieux régner,

il exacerbe ces pulsions malsaines à chaque échéance électorale.

En gros, c’est cocasse : j’attends du pyromane qu’il éteigne les flammes qu’il a lui-même allumées.

On ne se refait pas hein… le Camerounais et son mirage d’un État providence. Alors non, n’attends pas. Mon seul vrai conseil serait celui-là, inspiré d’un autre feu créateur :

« Allons, et multiplions-nous. »

Multiplions les actes d’union. Multiplions les ponts entre nos différences. Multiplions les consciences éveillées. C’est peut-être comme ça qu’on sortira enfin de ce cercle vicieux. Pas avec des discours. Mais avec des actes.

Georges DEFO