Orientation forcée : mon oncle, mon bac F3… et mon amour pour les mots

Un peu comme dans un épisode crossover de tes meilleures séries TV, je vais passer par mon blog pour répondre à la question posée par Raoul dans le sien.
La question c’est : « Et toi, comment as-tu choisi ton orientation ? »
Je te vois déjà venir avec ton esprit tordu… On parle ici d’orientation académique puis professionnelle 😄
👉 Voici le lien vers l’article de Raoul

En ce qui me concerne, je fais partie de ceux à qui on a dit : « Tu seras comme ton oncle, il a bien réussi dans la vie. » Le fameux oncle avait fait carrière comme électrotechnicien chez Tratafric.
Je n’y connaissais rien à son métier et franchement… ça ne m’intéressait pas du tout. Mais bon, j’étais trop jeune pour donner mon avis. Du moins, c’est ce que la société voulait à l’époque — et hélas, c’est encore un peu vrai aujourd’hui.

Je me souviens que j’étais excellent en langues. En 6e, j’avais gagné un abonnement d’un an au centre culturel français de Douala après un concours de rédaction. Je n’avais pas fini 1er, mais intégrer le TOP 5 face à des élèves de Liberman et du Lycée Joss, c’était déjà une prouesse.
En maths et dans les matières scientifiques, j’étais moyen. Mais grâce à mes notes en langues, je restais dans le haut du classement. Ah, Grégory… Toujours 1er grâce aux maths et à leurs coefficients plus élevés.

En 4e, mon professeur principal, Monsieur MBEPPE — prof de français que je n’oublierai jamais — est venu chez moi supplier mes parents de ne pas m’envoyer au collège De La Salle pour suivre une formation technique. Il ne comprenait pas qu’on puisse vouloir « tuer » un tel talent littéraire en le forçant dans une voie qui n’était pas la sienne. Mais mes parents avaient leur plan : me faire devenir technicien comme mon oncle. Et bien sûr, personne ne m’a demandé ce que moi je voulais faire.
Pour être honnête, à l’époque je ne savais pas trop non plus… Mais le désespoir de mon prof était un bon indice !

Finalement, j’ai été inscrit à De La Salle. J’y ai souvent été 1er ou 2e… mais avec une moyenne de 15-16/20 dans les matières générales, et au mieux un 12/20 en technique. Tout était dit.
J’ai obtenu mon bac F3 — que je n’ai jamais utilisé — et bifurqué en IT. Aujourd’hui, malgré 7 années d’expérience dans ce domaine, ce que je savoure le plus chaque jour, c’est t’écrire ces quelques lignes.

Alors Raoul, et toi qui me lis, voilà comment s’est faite mon orientation : clairement un échec au départ, mais qui a forgé qui je suis.
Et comme me disait souvent Kevin : c’est fort de passer un bac technique grâce au français… mais tout le monde n’a pas droit à une fin façon Hollywood.
J’espère que les nouvelles générations de parents africains briseront ce cycle, et permettront à leurs enfants de trouver leur vraie vocation, pour enfin déployer tout leur potentiel.

Georges DEFO