“Papa, moi je suis jaune !” – Quand l’innocence des enfants nous bouscule 🟡
Je vais juste exposer la situation cocasse que j’ai vécue aujourd’hui et laisser chacun tirer la conclusion qu’il veut.
Je suis allé récupérer mon fils à la maternelle, et nous sommes ensuite passés retirer de l’argent que j’avais reçu via le service RIA. Dans le même point de retrait, un monsieur d’origine ivoirienne effectuait un dépôt pour envoyer de l’argent à sa famille restée au pays.
Pendant que nous attendions notre tour, mon fils me demande à haute voix :
— Papa, pourquoi il est tout noir ??
Je lui réponds aussitôt que c’est parce que ça a été peint comme ça, en lui montrant la chaise à côté de nous. Et lui de rajouter :
— Non, pas la chaise, mais le monsieur.
À cet instant, j’ai été traversé par plusieurs émotions en même temps : la gêne, la honte, la colère… Heureusement, le monsieur a dédramatisé en lançant :
— Ah ! Les enfants et leurs questions !
Il a même essayé de parler avec mon fils, qui, lui, avait l’air un peu effrayé. Avant même que le monsieur ne prenne la parole, j’avais déjà eu le temps de répondre à mon fils que c’était normal, que certaines personnes avaient la peau plus foncée que d’autres. Et effectivement, ce monsieur était très foncé de peau ; si on m’avait demandé sa nationalité, j’aurais spontanément dit qu’il était sénégalais.
Nous reprenons notre attente, mais mon fils semblait avoir encore des choses à dire aujourd’hui. Il relance, de manière totalement gratuite :
— Moi, je ne suis pas tout noir !! 😭😭
Je lui réponds que si, bien sûr, il est noir lui aussi. Mais il insiste :
— Non, moi je suis jaune ! 😂😂
J’ai immédiatement répondu à mon petit Bahouan qu’hélas pour lui, il était bel et bien noir. J’ai même pensé à haute voix que, de toute façon, on allait vite le lui rappeler dans la vie. Après m’être calmé (car, je dois l’avouer, ça m’avait un peu dérangé qu’il pense ainsi), je lui ai demandé de quelle couleur j’étais. Pour ceux qui m’ont déjà vu, on pourrait croire que je suis originaire du nord du Cameroun, car j’ai la peau très noire. Mais il m’a répondu avec assurance :
— Papa, toi aussi tu es jaune. 😆
J’ai compris qu’il s’agissait surtout d’une question de perception des tons de peau. Nous avons alors eu un petit jeu pendant une dizaine de minutes où je lui disais :
— Tu es noir, Ayan.
Et lui, de répondre à chaque fois :
— Non papa, je ne suis pas noir, je suis jaune.
Je ne l’ai pas lâché jusqu’à ce qu’il finisse par me dire :
— Oui papa, je suis noir.
Le monsieur ivoirien, qui avait pris une balle perdue dans cette histoire, écoutait toujours notre échange en souriant. Une fois sa transaction terminée, il s’est approché de mon fils, lui a tendu un billet de 5 euros, et lui a souhaité une bonne soirée avec un grand sourire. Mon fils lui a rendu la pareille.
Bref, c’était une situation aussi drôle qu’inattendue, et je n’étais absolument pas prêt à y faire face. Et toi, comment aurais-tu réagi ? Quelle conclusion tires-tu de cette scène cocasse ?
Georges DEFO