Pourquoi nous avons besoin de contre-pouvoirs

La vie est déjà d’une violence sans pareil. Et s’il y a bien une chose qui peut la rendre un peu plus digeste, c’est la présence de contre-pouvoirs. Sans eux, tout devient vite étouffant : la loi du plus fort s’impose, les plus puissants s’enrichissent en silence, et les citoyens ordinaires finissent par se résigner. Or, la résignation est le terreau de l’anarchie. Quand on a le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui gagnent et qu’il n’y a jamais personne pour leur demander des comptes, c’est la société entière qui se fissure.

C’est pour cela que les contre-pouvoirs sont essentiels. Ils ne sont pas là pour détruire, mais pour équilibrer, pour rappeler que nul n’est au-dessus des règles. Dans un monde où les puissants ont mille façons de se protéger, il faut bien quelques sentinelles pour leur rappeler qu’ils ne peuvent pas tout se permettre.

En France, un média comme Mediapart incarne parfaitement ce rôle. On peut aimer ou ne pas aimer leur ton, mais une chose est sûre : ils sont devenus maîtres dans l’art de traquer les abus, de révéler ce qui devait rester caché, et de donner la parole à ceux qu’on voulait faire taire. Ils sont ce David moderne qui a appris à manier la fronde avec précision pour atteindre les Goliaths de notre temps : politiques corrompus, institutions défaillantes, multinationales intouchables.

Ce n’est pas un hasard si chaque révélation dérange autant : les puissants n’aiment pas qu’on leur rappelle leurs failles. Mais c’est précisément ça, la beauté d’un contre-pouvoir : il force à la transparence, il oblige au respect, il redonne aux citoyens un peu de confiance dans le fait que la vérité finit toujours par sortir.

La vraie question est : dans nos vies personnelles, dans nos pays, dans nos entreprises, qui joue ce rôle de contre-pouvoir ? Et que faisons-nous, chacun à notre échelle, pour ne pas laisser l’arrogance des puissants écraser tout le reste ?

Georges DEFO