Pourquoi revenir “en enfer” est parfois la décision la plus sensée

« Mais pourquoi voudrais-tu revenir dans cet enfer ? »

C’est une question que j’ai entendue tellement de fois que j’ai arrêté de compter. Et pourtant, ceux qui la posent partent souvent d’une vision biaisée, celle qui ne considère que les premiers niveaux de la pyramide de Maslow : les besoins physiologiques et de sécurité.

Oui, c’est vrai. Beaucoup de nos pays africains peinent encore à garantir de façon stable l’accès à l’eau potable, à une électricité fiable, ou à un système de santé performant. Oui, l’insécurité, l’instabilité économique, et l’absence de filets sociaux sont des réalités indiscutables.

Mais est-ce toute l’histoire ? 

Maslow nous enseigne que l’être humain ne vit pas uniquement pour survivre. Après avoir satisfait ses besoins primaires, il cherche à appartenir, à s’estimer, puis à se réaliser. Et c’est exactement là que l’Afrique offre une opportunité inégalable : celle de répondre aux besoins d’appartenance, d’estime et surtout d’accomplissement.

En Europe ou en Amérique du Nord, les jeunes ambitieux arrivent souvent dans des sociétés déjà saturées, où tout est structuré, codifié, verrouillé. L’espace pour laisser une empreinte, pour construire quelque chose de significatif, est limité. En Afrique, tout est à bâtir. Tout projet, toute solution qui change la vie de ne serait-ce qu’une centaine de personnes peut devenir une œuvre monumentale. C'est pour çà que certains produits innovants, bien que de qualité moyenne, rendent certains entrepreneurs africains très riches. On est très souvent sur un playground vierge qui ne demande qu'à être investi.

Ceux qui trouvent absurde l’idée de revenir n’ont pas compris que certains d’entre nous sont arrivés au moment de la pyramide où le besoin de se réaliser devient plus fort que la peur du manque matériel. Nous voulons contribuer, bâtir, laisser une trace utile. Se lever chaque matin et ne pas savoir pourquoi on va travailler ou passer ses journées à se poser la question de « Pourquoi? » est bien pu effrayant que de manquer temporairement d’argent. Je ne m’attends pas à ce que tu comprennes forcément mais crois moi que c’est effrayant. 

Bien sûr, il ne faut pas être naïf. Revenir, ce n’est pas fermer les yeux sur les défis. C’est décider que malgré les défis, notre mission personnelle, notre besoin d’appartenance, notre quête d’accomplissement valent plus que le confort sans impact.

Rester dans un confort matériel vide de sens ou se battre dans l’imperfection pour écrire une page d’histoire, chacun fait son choix.

Quant à moi, j’ai fait le mien. 

Georges DEFO