Quand la famille se perd de vue

Aujourd’hui avait lieu notre réunion familiale annuelle.

Tu sais, ce genre de rendez-vous qui autrefois remplissait la cour familiale, où les enfants couraient dans tous les sens, où les marmites fumaient dès l’aube, et où les anciens trônaient fièrement sur leur chaise, lançant des proverbes à chaque phrase. Ces moments où on se rappelait d’où on venait, où on écoutait l’histoire du patriarche pour la dixième fois sans jamais oser l’interrompre.

Mais cette année… l’ambiance était différente.

Beaucoup de chaises vides. Beaucoup d’excusés. Et peu d’enthousiasme dans les regards de ceux qui avaient pourtant fait le déplacement.

On pourrait dire que c’est la faute au contexte économique. C’est vrai que les temps sont durs. Mais je crois qu’il y a autre chose. Une lente érosion du lien. Une fatigue collective. Un désintérêt croissant pour ce qui, autrefois, était sacré : la famille au sens large.

Et pourtant, ces réunions sont bien plus que de simples retrouvailles.

Ce sont des repères. Des bulles de transmission. Des espaces pour se rappeler qu’on n’est pas seul à porter le poids de l’histoire familiale. C’est là qu’on crée des ponts entre générations. Qu’on règle parfois des malentendus anciens. Qu’on enseigne aux plus jeunes la valeur du clan.

Alors oui, c’est vrai que ce n’est plus comme avant.

Mais est-ce une raison pour baisser les bras ?

Ne devrait-on pas, justement, redoubler d’effort pour raviver cette flamme-là, celle qui nous lie bien au-delà des écrans et des groupes WhatsApp familiaux silencieux ?

Moi je pense que si.

Parce qu’une famille qui ne se voit plus, finit par s’oublier.

Georges DEFO