Quand la technologie ne suffit pas à faire évoluer les mentalités pour certains et transforme les autres en chef étoilé

Les nouvelles technologies, comme je l’ai dit dans l’un de mes derniers textes, sont venues redistribuer les cartes dans la course au développement.

Les laissés-pour-compte du tiers-monde que nous sommes avons aujourd’hui une occasion en or : utiliser le booster qu’est Internet pour rattraper notre retard, monter en compétences, nous former, et surtout nous informer.

Pendant longtemps, l’accès à l’information était réservé à une minorité, à ceux qui avaient les moyens de se l’approprier.

Ce n’est clairement plus le cas.

Dit comme ça, on aurait envie de croire que tout va s’arranger, et que d’ici quelques années, les Africains — ou les humains en général — vont tous s’améliorer, que le niveau intellectuel global va monter en flèche.

Mais soyons honnêtes : ce n’est pas ce qu’on observe.

Les NTIC, comme tout outil, ne font que ce que leur utilisateur décide d’en faire.

Mettez une machine à conditionner du mercure entre les mains d’un feyman, au lieu de créer une entreprise pour sensibiliser à l’usage responsable du produit, il risque de s’en servir pour faire des arnaques aux faux billets.

Certains frères sont devenus maîtres dans l’art du clonage de cartes SIM, ou dans des prouesses dignes d’ingénieurs en cybersécurité… mais pour vider les comptes bancaires d’honnêtes citoyens.

Je te parle ici de ce qui est arrivé à mon petit frère Alain Junior.

Et je pourrais t’en citer bien d’autres, des mauvais usages d’une bonne solution.


L’idée de ce texte m’est venue dans un moment très banal :

je fermais l’arrivée de gaz sur ma gazinière, en goûtant la sauce que je venais de réaliser.

Au menu : gésiers de poule avec une délicieuse sauce verte aux épices du pays.

On revient de loin, hein 😅 Moi qui ne savais même pas cuire du riz à mon arrivée en Roumanie…

Et là, me voilà capable de réussir un plat de ce niveau — bon, il n’y a que moi qui ai goûté pour l’instant, mais j’ai confiance !

Ce plat, c’est grâce à 10 minutes de recherche sur YouTube.

Une recette claire, avec tous les détails.

Voilà aussi ce que la technologie rend possible.

Peu importe le plat que je veux apprendre à cuisiner aujourd’hui, je peux le faire.


J’ai toujours plaidé pour que nous ayons nos propres solutions, nos propres outils, nos propres plateformes.

Mais en attendant, il ne faut pas refuser ce qui existe.

Il faut apprendre à utiliser les outils disponibles — mais les utiliser intelligemment.

Parce que la technologie seule ne changera rien si nos mentalités restent figées.


Georges DEFO