Quand le mythe s’effondre

Tout le monde a des problèmes. Même ceux qu’on idéalise.

Je pense qu’il n’est pas mauvais de s’inspirer de personnes qu’on admire, mais il ne faut jamais se comparer à elles. Parce que la comparaison crée une distance fausse, un décalage entre ce qu’on voit et ce qui est.

Je me souviens d’aînés que j’ai longtemps idéalisés. À une époque, tout ce qu’ils disaient ou faisaient avait valeur d’évangile. Leurs conseils étaient toujours pertinents, leur assurance impressionnante. Et puis un jour, avec le temps et la proximité, j’ai vu l’envers du décor. Le mythe s’est fissuré. J’ai découvert qu’eux aussi avaient leurs failles, leurs doutes, leurs contradictions.

Et là où ça se complique, c’est que quand le mythe s’effondre, même les bons conseils perdent un peu de leur éclat. On ne les entend plus de la même oreille. Pourtant, leur valeur n’a pas changé — c’est juste notre regard qui s’est humanisé.

Je crois qu’il faut apprendre à dissocier la sagesse du sage. L’humain peut décevoir, mais la leçon peut rester vraie. Parce qu’au fond, personne n’est un modèle parfait. Et c’est peut-être ça, la vraie maturité : admirer sans idéaliser, écouter sans idolâtrer.

Georges DEFO