Quand le parent oublie l’enfant qu’il a été

En lisant Daily dad ce matin, le sujet m'a vraiment parlé. D'ailleurs, je plaide coupable. Il y a un paradoxe étrange dans la parentalité. Le jour où l’on devient parent, c’est comme si un voile se posait sur nos souvenirs d’enfance. On n’oublie pas totalement, mais suffisamment pour ne plus ressentir avec justesse ce que c’était que d’être un enfant.

Et pourtant… souviens-toi. Souviens-toi de ces phrases que tu trouvais injustes :

🔹 « Parce que j’ai dit non, c’est tout. »

🔹 « Tu ne peux pas comprendre, tu es trop jeune. »

🔹 « Arrête de poser des questions bêtes. »

Combien de fois t’es-tu juré, au fond de ton lit, de ne jamais parler ainsi à tes propres enfants ? Et pourtant, aujourd’hui, ces mêmes phrases sortent parfois de ta bouche… sans même que tu t’en rendes compte.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul domaine dans lequel l’être humain a la mémoire courte. Comme cette personne victime de racisme, qui ne réalise pas qu’elle-même est coupable de tribalisme, oubliant ce qu’elle avait ressenti lorsqu’elle était du mauvais côté.

Quand mon fils me regarde avec ses grands yeux remplis d’incompréhension après que je l’ai grondé, je me revois moi, à 7 ans, cherchant à faire entendre ma version des faits et me heurtant à un mur. Et là, je me dis : « Ne sois pas ce mur. »

Avec du recul, je comprends que c’est juste plus facile de ne pas se souvenir. Plus facile de ne pas se mettre à sa place. Mais souviens-toi : le métier le plus difficile au monde, c’est celui de parent.

Alors, comment ne pas oublier ?

Comment éduquer sans reproduire ?

Comment guider sans écraser ?

Voici ce que j’essaie de garder en tête chaque jour :

  1. Se rappeler, vraiment. Fermer les yeux et replonger dans nos propres ressentis d’enfant. Ils sont plus vivants qu’on ne le pense.
  2. Écouter sincèrement. Même si cela semble futile, chaque mot compte pour eux. Écouter, c’est valider leur humanité.
  3. Expliquer. On gagne toujours à prendre le temps d’expliquer une décision. Ce n’est pas perdre son autorité, c’est renforcer la confiance. J’avoue que c’est un peu plus sa maman qui le fait. Je suis moi-même encore en apprentissage.
  4. Reconnaître qu’on peut se tromper. Un parent qui s’excuse, c’est un parent qui enseigne l’humilité, mais aussi un parent qui continue à grandir.
  5. Accepter que nos enfants soient différents. Ce n’est pas parce qu’ils ne réagissent pas comme on l’aurait fait qu’ils ont tort.

Être parent, ce n’est pas avoir toutes les réponses.

C’est se souvenir de ses propres questions.

Et surtout, c’est faire de son mieux pour que nos enfants aient moins à guérir que nous.

Georges DEFO