Quand les parents retournent l’amour des enfants contre eux.

Quand les parents retournent l’amour des enfants contre eux.

Claudel Noubissie, un influenceur-entrepreneur camerounais, tenait cette phrase choc :

« Il n’y a pas plus manipulatrice qu’une mère qui aime et prend bien soin de ses enfants. »

Ce titre m’avait d’abord choqué — et c’était clairement le but recherché. Mais une fois l’émotion mise de côté, j’ai fini par comprendre qu’il parlait surtout du rapport affectif qu’entretiennent les mamans avec leurs enfants, et de cette corde sensible qu’elles savent parfois tirer pour arriver à leurs fins. J’ai d’ailleurs pu expérimenter ce cas moi-même à plusieurs reprises.

Je pense néanmoins qu’il s’agit surtout d’un comportement de parent, papa comme maman. Quand on a le dos au mur, on a parfois tendance à rappeler à nos enfants tout ce qu’on a fait pour eux, et à quel point c’est dommage qu’ils n’en aient pas assez conscience. On en vient même parfois à oublier qu’ils n’ont pas demandé à être là. Je ne voulais pas forcément en parler, mais bon, vu que je suis un peu à court d’idées pour mon sujet du jour, je vais te raconter ce qui m’est arrivé hier.

Ce sont les vacances scolaires, donc mon petit n’a pas école. J’ai la possibilité de le garder, mais ça sous-entend de le poser devant la télé pendant que je travaille, parfois pendant des heures entières, alors qu’on essaie justement de limiter son temps d’écran. Sa tata a accepté de le garder, et je l’apprêtais en attendant qu’on vienne le récupérer. Il était tellement content de partir que ça m’a un peu froissé. Je lui ai demandé s’il voulait rester avec moi. Il m’a répondu non, qu’il voulait partir.

Je dégaine alors mon joker : je lui dis que je suis triste qu’il parte et me laisse tout seul. J’ai vu son visage changer. Il m’a dit que je n’avais pas à être triste, qu’il allait revenir à la fin des vacances. J’ai insisté en lui expliquant que même s’il revenait plus tard, ce serait trop tard, parce qu’entre-temps je serais triste, abandonné tout seul.

Il a essayé de me rassurer, en disant que ça n’allait pas être long. Puis, en me voyant fermer sa veste d’un air triste — et à ce moment-là, je ne sais même plus si je jouais la comédie ou si j’étais réellement triste — je l’ai entendu dire d’une voix basse :

« Papa, je veux rester avec toi. Je ne veux pas partir. »

J’ai ressenti un mélange de soulagement, de joie… et surtout de honte. J’avais réussi à culpabiliser mon enfant. Je l’ai immédiatement rassuré en lui disant que tout allait bien, que je n’étais plus triste et qu’il pouvait aller retrouver ses cousins. J’ai vu son visage s’illuminer à nouveau.

Comme quoi, ce vilain petit pouvoir n’est pas l’apanage exclusif des mamans.

Ce qui me rassure, c’est que le sentiment de honte m’ait envahi à ce moment-là. J’ai conscience que ce n’est pas quelque chose qu’il faut faire, et je suis content de m’en rendre compte aussi tôt. Je ferai de mon mieux pour ne pas l’oublier.

Et toi ? Est-ce que ça t’est déjà arrivé d’user de ce levier avec tes enfants ? Quel est ton avis sur le sujet ?

Georges DEFO