Quand nos propres monnaies ne se font pas confiance
C’est un détail que seuls les voyageurs remarquent vraiment.
En Afrique, il est plus facile de changer des dollars ou des euros que de changer des francs CFA en shillings kenyans. Et pourtant, ces deux monnaies sont censées représenter des pays frères, sur un même continent.
Cette réalité dit tout. Elle dit la hiérarchie invisible des monnaies.
Elle dit que la valeur, ce n’est pas seulement une question d’économie, mais de confiance. Et malheureusement, nos monnaies africaines ne se font pas encore confiance entre elles.
Le dollar et l’euro ne circulent pas ici parce qu’ils sont meilleurs, mais parce qu’ils sont acceptés — par tout le monde, partout. Pendant ce temps, nos devises se regardent à distance, comme si elles n’étaient pas de la même famille.
Tant que le commerce africain continuera à se faire à travers les devises étrangères, nous resterons dépendants des humeurs des banques centrales occidentales. Et tant que le FCFA ne parlera pas au shilling, le franc guinéen ne parlera pas au naira, le rêve d’un marché commun africain restera un slogan sur des drapeaux.
L’Europe l’a bien compris. Ce n’est pas seulement son union politique qui a fait sa force, mais sa monnaie commune. L’euro a tissé entre ses nations un lien plus solide que n’importe quel traité.
Le jour où l’Afrique parlera d’une seule voix monétaire, nos frontières deviendront des passerelles.
Et là, enfin, le commerce africain aura une langue commune.
Georges DEFO