Quand tu refuses de partager ton savoir, tu condamnes ta mémoire

Généralement, il est mieux, dans un groupe, d’avoir des leaders, des personnes qui donnent la priorité à l’élévation du niveau moyen plutôt qu’à la simple prolifération d’individualités, aussi brillantes soient-elles, mais qui créent des points de faiblesse.

Je vais m’expliquer.

Il existe des familles où l’on trouve une « élite » : quelques individus concentrent les honneurs, les richesses et parfois même l’éducation.

Sans même s’en rendre compte pour les moins vicieux, et de manière volontaire pour les plus narcissiques, ils ne donnent pas la priorité à la fabrication d’autres élites dans leur entourage.

Parfois par simple peur de perdre leur aura.

Parfois par égoïsme, exactement comme à la cour du Roi Soleil en France, où l’on préférait écraser toute montée en puissance pour rester au sommet.

J’ai souvent parlé d’intelligence collective et je n’ai de cesse de marteler que toute personne qui sait quelque chose devrait chercher à le partager avec le maximum de personnes.

Avoir envie d’être toujours “le plus intelligent” ou “le plus malin” ne sert à rien.

Parce que le jour où ce détenteur de savoir disparaît, c’est toute la communauté qui recule. Il est parti avec un bien qui aurait profité à beaucoup d’autres.

Quand je parle de ça, je ne peux pas m’empêcher de penser à mon oncle Fodouop Thomas, l’un des premiers milliardaires du Cameroun.

Peu de gens savent que c’est lui qui est derrière la société Source du Pays, dont le produit phare n’est autre que l’eau minérale Supermont.

Quelques années avant son décès, l’entreprise allait si mal qu’elle a été rachetée pour presque rien par un homme d’affaires libanais.

C’est ce dernier qui a permis à ce produit camerounais de ne pas disparaître.

Mon oncle n’avait pas assez préparé sa succession.

Il n’avait pas identifié ce “mini-leader” capable de perpétuer son œuvre.

Résultat : aujourd’hui, quelques années après sa mort, peu de personnes se souviennent de lui.

A-t-il eu une belle vie ?

Indéniablement.

A-t-il le renom qu’il mériterait ?

Clairement pas.

Aujourd’hui, on parle de Kadji Defosso, de Fotso Victor…

Mais très peu de Fodouop Thomas.

Pourtant, de leur vivant, ils étaient des égaux.

C’est la postérité qui a fait toute la différence.

Je prends cet exemple pour attirer l’attention des parents, mais aussi de tout leader potentiel.

On ne vous le dira jamais assez :

Transmettre au maximum à vos enfants, à vos proches, leur permettre de devenir grands, c’est aussi — ou plutôt, c’est d’abord — pérenniser votre mémoire.

Et si vous en doutez, regardez bien autour de vous :

La première chose que l’Homme veut préserver au-delà de tout, c’est son nom.
Même dans nos familles, quand vous faites du bien, quand vous élevez des leaders, le plus bel hommage que l’on puisse vous rendre…

C’est de donner votre nom à un enfant, en guise de remerciement.

Bâtissons des empires, développons notre communauté , mais le mieux ce serait que notre travail ne soit pas perdu avec notre disparition.

Georges DEFO