Quand un peuple pleure, c’est qu’il a vraiment aimé

Aujourd’hui, il régnait une ambiance particulière à Nairobi. Le pays entier vibrait au rythme du retour de la dépouille de Raila Odinga, ancien Premier ministre et figure historique de l’opposition kenyane. Les rues étaient pleines, les klaxons retentissaient, et partout on sentait une forme d’émotion collective — celle qu’on ne triche pas.

Je parlais avec un chauffeur de taxi, un monsieur d’un certain âge, à peu près celui de mon père. Il me racontait, la voix chargée de respect, tous les combats que cet homme avait menés pour les classes populaires. Les injustices qu’il avait affrontées, les emprisonnements, les trahisons, et malgré tout, cette constance dans la défense du peuple.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est de voir à quel point tout le monde, des plus riches aux plus modestes, semblait touché par sa disparition. Ce n’était pas seulement un adieu à un politicien, mais à une époque, à une idée du courage, à une certaine manière d’aimer son pays sans calcul.

Et en voyant cette foule en liesse, ce respect presque sacré, je me suis dit qu’au fond, c’est peut-être ça la vraie réussite politique : laisser derrière soi une empreinte que même la mort ne peut effacer.

Georges DEFO