Quand vouloir sauver les autres nous fait sombrer
Il y a quelque chose qu’on ne nous dit pas assez quand on est animé par le désir d’aider ceux qu’on aime : tout le monde ne veut pas être sauvé.
Parfois, on voit quelqu’un sombrer, et on se dit qu’on va lui tendre la main, qu’on va le relever, l’éclairer, l’extirper de sa galère ou de sa douleur. Parfois, on y arrive un peu. Parfois, on se fait aspirer.
On oublie que nous avons tous une part d’ombre.
Mais à force de se frotter à celle des autres, on risque d’y laisser des plumes. Ou pire… d’y laisser sa lumière.
Tu veux sauver un frère, une amie, un amour, un collègue. Et c’est noble. Mais à trop vouloir jouer le rôle du phare, tu oublies que le sel et la tempête finissent aussi par éroder le roc.
Tu encaisses ses colères, ses silences, ses drames répétés.
Tu changes tes priorités.
Tu t’oublies.
Et un jour tu réalises que tu ne vois même plus clair en toi. Que tu portes les ténèbres de quelqu’un d’autre, en plus des tiennes.
Alors, sans dire qu’il faut fuir dès que c’est difficile, il faut apprendre à poser des limites, même avec ceux qu’on aime.
Aider, oui.
Mais pas au point de s’éteindre en cours de route.
Et si quelqu’un te tire constamment vers le bas, pose-toi la question :
veux-tu vraiment couler avec lui, ou peux-tu nager jusqu’à la rive pour mieux tendre la main… plus tard, quand tu seras solide ?
Georges DEFO