Tientcheu et Etoundi : l’histoire de ceux qui n’oublient pas
Tientcheu et Etoundi sont les noms d’emprunt que je vais utiliser pour te raconter cette histoire.
Tientcheu est une jeune étudiante qui arrive dans un pays pour ses études. Elle n’a pas de famille sur place et, comme beaucoup d’étudiants étrangers, c’est une vraie galère : elle doit aller à l’école pour maintenir ses papiers, mais elle vient tout juste d’arriver, elle n’a pas de job, pas d’alternatives pour se rémunérer. Heureusement, elle est en master, donc il ne lui reste plus beaucoup d’années à passer avant de décrocher son diplôme.
À son arrivée dans la ville où elle étudie, elle va de maison en maison, accueillie quelques jours par-ci, quelques jours par-là… avant de finir, comme souvent en Occident, par se voir poliment congédier.
Dans son parcours, elle finit par rencontrer un jeune compatriote du nom d’Etoundi. Il n’est pas étudiant, mais il se débrouille, il ne vit pas dans l’opulence mais il n’est pas à plaindre. Touché par sa situation, Etoundi lui propose son aide. Il cherche avec elle une solution d’hébergement via des connaissances, sans succès, et finit par l’accueillir chez lui, faute d’alternative.
Ils s’entendent super bien. Il est à l’écoute, généreux, il lui prête de l’argent ou lui en donne quand elle est vraiment dos au mur.
Et là, tu l’as vu venir : Etoundi finit par s’éprendre d’elle.
Tientcheu, bien que reconnaissante, ne partage pas ses sentiments. Mais elle a du mal à le lui faire comprendre, peut-être de peur de le vexer ou de se retrouver à la rue. Elle lui envoie des signaux contradictoires, perdue entre la gratitude et la culpabilité.
Après presque une année de colocation, elle finit par trouver un job, prendre son envol.
Etoundi, de son côté, se sent soulagé : soulagé pour elle, mais aussi parce qu’il commençait à peiner à calmer ses amis qui lui reprochaient d’être trop bon, trop naïf. Certains voulaient qu’il la mette dehors. Il n’a jamais cédé. Il est resté droit dans ses bottes.
Les années passent. Etoundi a tourné la page. Il se surprend parfois à sourire en repensant à elle.
Jusqu’au jour où… elle l’appelle.
Elle avait longtemps cherché à le joindre. Elle voulait simplement lui dire merci.
Merci pour tout. Pour sa bonté. Pour son respect. Pour cette affection pure qu’il lui avait témoignée sans rien attendre en retour.
Et là, surprise : quelques jours plus tard, Etoundi reçoit un joli virement bancaire de sa part. Un geste. Un remerciement. Pas à la hauteur de ce qu’il avait fait, selon elle, mais symbolique. Parce qu’elle n’avait jamais oublié.
Je me demande : aujourd’hui, combien de personnes, une fois qu’elles ont réussi, se retournent pour dire merci ?
Combien, comme Tientcheu, quittent le Cameroun qui leur a tout donné, et y reviennent — ne serait-ce que pour exprimer leur reconnaissance ?
Et si tu te demandes par où commencer pour dire merci : le corps électoral a été convoqué par le président de la République pour le 12 octobre prochain.
Alors… tu sais ce qu’il te reste à faire.
Georges DEFO